La Newsroom
L'actualité c'est chiant. Ici on essaie de rendre ça un peu moins chiant.

C’était la 14ème journée du championnat espagnol ce weekend et comme d’habitude, Lionel Messi (FC Barcelone) et Cristiano Ronaldo (Real Madrid) se sont livrés à un brillant duel à distance.

Chaque journée semble être l’occasion pour l’un des deux extraterrestres de battre un nouveau record… En inscrivant les trois buts de la victoire du Real face au Celta Vigo, CR7 a atteint la barre des 200 buts en Liga, mais a surtout fêté son 23ème triplé dans le championnat espagnol, un record. Il est en tête du classement des buteurs avec 23 buts en 14 matchs. Le Portugais a marqué lors des 17 derniers matchs à domicile de son équipe, toutes compétitions confondues.

De son côté, Lionel Messi est de retour dans une très grande forme : s’il n’en est qu’à 21 triplés en Liga et à 13 buts cette saison, après les trois pions alignés contre l’Espanyol Barcelone ce weekend, la Pulga est devenu le meilleur buteur du derby catalan avec 12 réalisations. Il conforte ainsi sa place de meilleur buteur de l’histoire de la Liga, obtenu lors de la 12ème journée (encore un triplé), avec un total de 256 buts. L’Argentin reste sur trois triplés lors de ses quatre derniers matchs…

Les chiffres sont impressionnants et il est difficile de départager les deux joueurs depuis 2009 et l’arrivée de Cristiano Ronaldo en Espagne : 200 buts en 178 matchs pour ce dernier contre 202 buts en 182 matchs pour Messi…

On peut néanmoins, uniquement sur cette 14ème journée, relever une petite différence de classe. Il suffit pour cela de comparer les premiers buts de chacun. Je vous laisse juger.

Le premier but de Ronaldo face au Celta Vigo :

Le premier but de Messi contre l’Espanyol :

Les avions Rafales de Dassault pourraient enfin trouver un acheteur ! Du moins c’est ce qu’on entend régulièrement dans la presse depuis plus d’une décennie.

Mise à jour du 13 février 2015 : Il l'a fait ! Du moins sur le papier

Un constat s’impose : l’avion français ne s’est encore jamais vendu à l’étranger, malgré l’intérêt de la Corée du Sud en 2002, du Maroc en 2007, de la Suisse en 2011 ou encore du Brésil en 2013 et la liste est longue. Depuis 2012, c’est l’Inde qui est le mieux placé pour devenir le premier acquéreur étranger du Rafale.

Le pays avait lancé en 2009 un appel d’offre auquel le Rafale a répondu, ainsi que le Typhoon d’Eurofighter, les F-16 et F-18 américains, le Saab Gripen suédois ou encore le MiG-35 russe. Il y a deux ans, seul le Rafale était encore en course et dès lors, il ne reste plus à l’Inde que d’acter l’achat de 126 appareils, pour près de 12 milliards d’euros. Régulièrement, les journaux indiquent que cette signature est proche.

L’air indien, une mélodie bien connue

En début de semaine, c’est la visite du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian en Inde qui a remis le sujet sur le devant de la scène. Il y a six mois, c’était Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères, qui s’y collait. Dans les deux cas, ils font la même promesse d’un dénouement rapide.

Comme l’arrivée de la neige en hiver, la vente potentielle du Rafale est un classique de la presse française : il y a deux semaines, on s’interrogeait sur la possibilité que le Rafale « atterrisse » un jour en Égypte, pour reprendre le titre le plus en vogue. Il y a deux mois, c’était la vente de 36 appareils au Qatar qui était évoquée. Dans tous les cas, les articles sur le sujet rappellent ceux publiés depuis plus de dix ans. La signature est quasiment certaine, l’avion français étant le meilleur sur le papier et le favori des forces armées locales. Toutefois, les négociations sont complexes et quelques petits détails restent encore à régler…

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Le Rafale, l’avion le plus polyvalent au monde, pourtant, personne n’en veut…

Ils concernent par exemple les transferts de technologies ou la production des avions sur place : ce fût un point de blocage au Brésil, c’est aujourd’hui au cœur du dossier indien, puisque seulement 18 des 126 appareils commandés devraient être montés en France. L’Inde, via le groupe public Hindustan Aeronautics Limited (HAL), « possédera la technologie complète et la licence pour fabriquer des appareils supplémentaires qui, en outre, pourraient être exportés« , a souligné Jean-Yves Le Drian.

Exportés ? Si vous trouvez ça bizarre, cliquez ici

Derrière ces éléments de négociation « officiels » comme le transfert de technologies ou encore la prise en charge des risques, s’en cachent d’autres, moins avouables.

Les rétro-commissions, la face cachée des négociations…

Ces conditions en apparence défavorables témoignent des contraintes qui pèsent sur le dossier Rafale. Plus il se vend mal, plus on est tenté de faire des concessions et de casser les prix, en espérant déclencher un effet « boule de neige ».

Des concessions de plus en plus grandes pour vendre le Rafale

En effet, le Rafale a déjà coûté la bagatelle de 43 milliards d’euros, en grande partie financés par le pays puisque notre armée en est l’unique acheteur. Jusqu’en 2019, Dassault devrait produire 66 Rafales, dont seulement 26 pour l’armée française. Mais si les 40 autres ne se vendent pas, c’est la France qui payera l’addition. Elle s’élève à environ 4 milliards d’euros.

Devant ces investissements massifs et la nécessité d’entretenir l’un des fleurons du savoir-faire technologique français, le fait de vendre coûte que coûte, et cela malgré quelques concessions à notre désavantage, peut se comprendre.

D’autant plus que le temps presse, avec l’arrivée de concurrents comme les F-22 et  F-35 américains et d’autres avions de nouvelle génération. Mais le problème, c’est qu’il n’y a aucune explication logique à ces échecs successifs, hormis une, sur laquelle je reviendrais plus tard.

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Avec un armement capable de faire face à toutes les situations, le Rafale est l’un des rois du ciel

En effet, la France dispose avec le Rafale d’un des meilleurs avions au monde sur le plan technologique et stratégique, ainsi que de sérieux arguments commerciaux.

L’excellence n’est pas toujours récompensée

Sans trop rentrer dans les détails, le Rafale est un avion multi-rôles : il peut intercepter ou escorter d’autres avions, effectuer des bombardements au sol, y compris des frappes nucléaires, faire de la reconnaissance, et opérer à la fois depuis une base aérienne ou un porte-avion. C’est l’un des seuls au monde à faire tout ça.

En achetant des Rafales, une armée aérienne n’a pas besoin d’entretenir une flotte d’avions spécialisés. De plus, l’armée française multiplie les opérations en théâtres extérieurs (Afghanistan, Libye, Mali, Irak), soit autant d’occasions de prouver l’efficacité de nos appareils. En comparaison, le F-22 vient à peine de connaître son baptême du feu et le F-35 n’est encore qu’un projet à problèmes.

Bref, que ce soit en matière de qualité et d’usage par rapport au prix, le Rafale « survole » la concurrence.

Le Rafale, au-dessus de ses concurrents ?

Alors comment expliquer que ses concurrents trouvent preneurs, même le F-35 ?

Le problème de la France, c’est son manque d’agressivité commerciale, politique et culturelle.

Le problème n’est pas le Rafale

Au Maroc, alors que la France était logiquement favorite, les Américains ont profité de notre molesse pour proposer des F-16 à prix cassé (le F-16 est déjà rentabilisé, ils peuvent se le permettre) et un important programme d’alphabétisation des campagnes… Ils n’hésitent pas à sortir le chéquier pour alimenter leur lobbying. C’est aussi ça le « soft power ».

Face aux pressions, la France manque souvent de répondant. Le cas du porte-hélicoptère Mistral « Vladivostok », non livré à la Russie, en est un exemple.

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Le F-15 américain nous a mis un beau « scud » en Corée du Sud

Nos « alliés » n’ont souvent aucun scrupule à torpiller le dossier français quand celui-ci est favori. En Corée du Sud, quand le Rafale remportait l’adhésion des autorités face au F-15, George W. Bush a simplement rappelé à Séoul l’importance des forces US dans le dispositif de dissuasion face à la Corée du Nord…

Les États-Unis ont noué des liens très forts avec de nombreux pays depuis un demi-siècle : ils ont ainsi entraîné dans la conception du F-35 de nombreux pays alliés, comme le Royaume-Uni, le Canada ou encore Israël, soit autant de débouchés, malgré les défauts évidents du projet.

Le Rafale pourrait de son côté se baser sur le succès des Mirages de Dassault, qui se sont vendus à plus de 2000 exemplaires dans le monde. Mais la France n’arrive pas à fidéliser sa clientèle. Manque de lobbying, d’investissements annexes et de « vice » donc, mais aussi manque flagrant de discernement politique.

On ne reviendra pas sur le flop marocain, mais on peut mettre en avant leurs pendants suisse et brésilien, où le Gripen suèdois, pourtant largement inférieur, a finalement été sélectionné. En Suisse, le Rafale tenait la corde jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy attaque le pays sur son statut de paradis fiscal. Idem au Brésil, jusqu’à ce que la France ne soutienne pas Brasilia sur le dossier du nucléaire iranien. Ces « inélégances » n’expliquent pas tout, mais jouent tout de même contre Dassault.

Face aux problèmes rencontrés, l’avionneur et les ministères concernés ont mis en place un organe de collaboration qui permet dorénavant de parler d’une seule voix lorsqu’il s’agit de vendre le Rafale et de prendre en considération à la fois l’aspect commercial et politique d’une négociation.

Attendons de voir si cela se concrétisera enfin par un atterrissage réussi en Inde ou au Qatar.

Crédit photo : Flickr / Wikimédia, Brian Mullender, Ricardo J. Reyes, Dassault, USAF

Si vous êtes un baroudeur de l’Internet, vous avez sûrement remarqué que le terme « Black Friday » revenait beaucoup aujourd’hui. On vous explique ce qu’est cette tradition américaine et comment elle arrive progressivement en France.

C’est quoi ?

Aux Etats-Unis, le Black Friday (vendredi noir pour nos amis anglophobes) désigne depuis les années 70-80 le vendredi qui suit Thanksgiving (qui a lui lieu le quatrième jeudi du mois de novembre). Il s’agit de marquer le coup d’envoi de la période d’achats des fêtes de noël.

En effet, après avoir passé le mois de Novembre à penser, dindes, indiens et purée de pomme de terre les américains peuvent commencer aujourd’hui à penser cadeaux, sapins et Papa Noël.

Ainsi pour lancer la marche des achats de noël, les magasins américains ont pris pour habitude de proposer des prix (très) cassés le lendemain de Thanksgiving et c’est aujourd’hui.

Pourquoi ça s’appelle Black Friday

Alors pourquoi ce black ? Il y a deux explications et apparemment, personne ne sait vraiment laquelle est vraie :

  • Black Friday parce que les magasins sont noirs de monde, tout simplement.
  • Parce que dans les livres de comptes on écrit une perte en rouge et un bénéfice en noir. Le nom traduit donc les bénéfices des magasins lors de cette « tradition shopping » américaine.

Arrêtons-nous un instant sur la première explication, parce que je pense que vous ne mesurez pas la mesure du bordel qu’il y a dans les magasins américains en ce beau vendredi. Vraiment, la foule devant un magasin Apple lors de la sortie d’un nouvel Iphone c’est de la grosse rigolade en comparaison d’un Wal-Mart un jour de Black Friday.

Voici quelques vidéos (qui devraient au passage rehausser votre foi en l’humanité…) :

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La tradition s’exporte en Europe et en France

Cette année on remarque que le Black Friday s’est plus exporté que toute autres années. Les vines que vous avez vus plus haut provenaient en fait de magasins anglais qui ont vu de jolis débordements aujourd’hui.

En France cela devient quelque chose et faisons ce que n’importe qui fait quand il veut prouver que quelque chose devient à la mode, utilisons un graphique des tendances Google :

Ainsi de très nombreuses marques ont lancé des prix cassés aujourd’hui dans une tentative de s’approprier cette tradition américaine et de surfer sur la popularisation croissante du Black Friday en France.

L’année dernière la pratique était surtout effectuée en France par des entreprises américaines (comme Amazon, Apple… ) mais aujourd’hui on voit de plus en plus d’entreprises françaises se mettant à cette pratique et il y a de fortes chances qu’elle devienne d’ici quelques années une nouvelle « tradition » marquant officieusement le début de la période d’achat des fêtes.

A noter que le Black Friday a été magnifiquement parodié et critiqué par South Park dans un superbe triple épisode que vous trouverez ici.

Bon c'est pas encore Interstellar, mais ça reste du très lourd !

En matière de conquête spatiale, l’Homme n’est plus un novice. La Station Spatiale Internationale, l’expédition de Curiosity sur Mars et bien sûr les missions Apollo sur la Lune sont là pour nous le rappeler.

Mais aujourd’hui, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) est en passe de réaliser l’un des tours de force les plus retentissants de l’histoire de la conquête spatialeLa sonde Rosetta, qui a quitté la Terre il y a dix ans, doit larguer Philea, un robot-laboratoire, sur la surface de Churyumov-Gerasimenko, une comète qui passe tous les six ans et demi près du soleil. C’est l’aboutissement d’un projet débuté en 1993 et dont la réussite va se jouer en seulement quelques secondes.

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Jusqu’ici, l’Homme a exploré cinq objets célestes : la Lune, Mars, Vénus, Titan, une lune de Saturne, et l’astéroïde Éros. Excepté Éros – qui cela dit a été « exploré » involontairement, la sonde envoyée n’était pas destinée à se poser dessus – ce sont tous de très gros objets, « faciles » à atteindre. Mais le voyage n’est pas l’opération la plus délicate dans ce type de mission : le plus dur, c’est de se poser à la surface de ces astres.

Churyumov-Gerasimenko, « Tchouri » pour les intimes, est une comète d’à peine 4 kilomètres de diamètre qui se déplace environ à quarante fois la vitesse d’une balle. Pour l’atteindre, Rosetta a dû parcourir 6,4 milliards de kilomètres, faire plusieurs fois le tour de la Terre et de Mars afin d’avancer grâce à leur force gravitationnelle, frôler deux astéroïdes (Steins et Lutetia) à 55 000 kilomètres / heures… Ceci afin de se placer dans la trajectoire de la comète, à « seulement » 510 millions de kilomètres de la Terre et cela dix ans après son lancement. Dix ans de calculs pour les ingénieurs de l’ESA, qui ont même dû décider d’un dernier « boost » à haut risque cet été afin de ne pas manquer le rendez-vous.

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Maintenant qu’elle est en orbite autour de Tchouri, Rosetta va larguer son compagnon Philea sur la surface. Une descente de 22 kilomètres, effectuée à la vitesse ahurissante de… 3 kilomètres / heure. En effet, si Philea se déplace aussi vite qu’un homme à pied, c’est pour ne pas manquer le site d’ »acométage » désigné par l’ESA, alors que la comète tourne sur elle-même en seulement 12 heures et que Rosetta, du fait de la faible gravité exercée par Tchouri,  est quasiment immobile au-dessus de celle-ci. Atteindre le site désigné est primordial, car c’est le seul endroit assez « plat » pour permettre à Philea de se poser. Le robot n’a aucun propulseur et ne peut donc pas changer sa trajectoire lors de sa chute. Toujours à cause de la faible gravité, la moindre perturbation imprévue peut envoyer le robot à la dérive.

Le moment précis du largage a été calculé depuis la Terre, ce qui sous-entend une connaissance parfaite du fonctionnement de notre système solaire… Et encore, les chances de succès ne sont que de 50% ! En quelques secondes, vingt ans de travail et un investissement de 1,3 milliard d’euros peuvent avoir des résultats diamétralement opposés : soit le robot foire son atterrissage, et ne se révèle être qu’un simple tas de métal envoyé sur un morceau de glace aux confins de l’espace ; soit tout se passe bien, et le labo sera à même d’analyser la composition de la comète.

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Car oui, l’objectif de tout cela est, au passage, de savoir quels sont les éléments qui composaient notre système solaire il y a 4,57 milliards d’années, au moment de sa formation. La glace ne représente en effet que 80% de la comète, le reste étant composé de molécules organiques et de minerais. En gros, Tchouri est un congélateur ou une sorte de « fossile » spatial. Mais plus la comète se rapprochera du soleil – le point le plus proche sera atteint l’été prochain – plus ces éléments seront projetés dans l’espace, permettant à Philea de les analyser.

Sans tourner autour du pot, Philea pourrait répondre à deux questions : déterminer si oui ou non, l’eau présente sur Terre est issue des nombreuses comètes qui s’y sont écrasées il y a environ 3,9 milliards d’années ; observer s’il y a des acides aminés sur Philea, ce qui laisserait supposer qu’il y en avait sur ces autres comètes, et donc que la vie sur Terre est venue de l’espace…

Bref, sommes-nous oui ou non des extraterrestres ? Ça vaut bien 20 ans et 1,3 milliard non ?

La plus grande prouesse de l'histoire spatiale ?

Voici deux vidéos pour revivre l’odyssée de la sonde Rosetta et l’atterrissage de Philea :


Rosetta : 10 ans de voyage à travers l’espace par LePoint
Crédit photo : Joseph Brimacombe

La semaine dernière, la fameuse loi des séries, dépourvue de fondements scientifiques mais qui semble frapper le monde du transport aérien à chaque crash, a touché également le secteur aérospatial.

Vous n'avez pas toute la journée ? Le résumé de cet article en dix secondes

Vendredi 31 octobre, la vaisseau SpaceShipTwo s’est écrasé dans le désert du Mojave en Californie, causant la mort d’un des deux pilotes. Deux jours auparavant, en Virgine, sur la côte est des Etats-Unis, c’était la fusée Antares qui ratait son décollage et explosait au sol, heureusement sans faire cette fois de victime.

Ces deux engins ont peu de choses en commun, hormis le crash : SpaceShipTwo est une navette de transport sub-orbital destinée à emmener des passagers à la limite de l’espace, soit 100 kilomètres d’altitude, et revenir sur Terre intacte. La fusée Antares devait quant à elle ravitailler en matériel la Station spatiale internationale (ISS) pour le compte de la NASA, à plus de 300 kilomètres au-dessus de nous.

Elles partagent pourtant une autre caractéristique, puisqu’elles sont toutes les deux issues d’entreprises privées. La mission Antares est menée par Orbital Science, un prestataire engagé par la NASA dans le cadre du programme COTS, qui vise à externaliser l’approvisionnement de l’ISS via des entreprises privées.

La navette SpaceShipTwo est développée par le fameux Richard Branson et sa filiale Virgin Galactic, dont le but est d’envoyer des touristes dans l’espace. Elle est basée sur SpaceShipOne, vaisseau à l’origine du premier vol habité privé de l’histoire en 2003.

¨Pour un aperçu de l'expérience SpaceShipTwo, cliquez ici

C’était à prévoir ?

Pour Antares, les pertes matérielles s’élèvent à 200 millions de dollars et 2,2 tonnes de vivres et de matériels scientifiques sont perdues. Rien d’irremplaçable, mais l’addition peut paraître salée quand les premiers éléments de l’enquête laissent penser que l’accident est lié aux économies réalisées par Orbital Science sur l’équipement de sa fusée : elle utilisait des moteurs dérivés d’une technologie soviétique développée dans les années 60. Bien que remis aux standards actuels, ces moteurs, censés apporter « de meilleures performances pour moins de coûts », avaient déjà provoqué un accident au printemps dernier.

Du côté de Virgin Galactic, le crash de la navette SpaceShipTwo remet bien sûr en cause le programme de tourisme spatial mené par la société. Les premiers vols commerciaux étaient en effet planifiés pour Noël selon Richard Branson, interviewé par le Wall Street Journal le mois dernier. Le vol de vendredi devait permettre le test d’un nouveau combustible avant cette date. Richard Branson a toutefois affirmé sa volonté de poursuivre le projet, déjà endeuillé en 2007, quand l’explosion d’un moteur durant un exercice au sol avait tué trois personnes.

SpaceShipTwo est ainsi à l’origine des deux derniers deuils de l’industrie aérospatiale. 800 personnes, dont Lady Gaga et Leonardo Di Caprio, ont déjà réservé leur billet pour l’espace, pour la bagatelle de 200 000 euros… Des sommes qui pourraient justifier l’empressement de Virgin Galactic, alors que certains médias affirment que la société avait été prévenue des risques tout en refusant l’analyse d’experts indépendants.

Bien sûr, les spécialistes rappellent que ces accidents sont exceptionnels et préparent les succès de demain. Catherine Maunoury, directrice du musée de l’Air et de l’Espace interrogée par l’Obs, cite ainsi l’explosion de la première fusée Arianne 5 en 1996, qui ne rencontrera plus de problèmes similaires par la suite. « Tout est normal »…


Mais l’inverse est aussi possible : je pense aux explosions des navettes Challenger et Columbia en 1986 et 2003, la dernière précipitant la fin du programme des navettes spatiales de la NASA et encourageant celle-ci à faire appel au privé. Dans la même idée, les événements de la semaine dernière pourraient mettre un frein à cette privatisation de l’espace, à la recherche d’un équilibre entre sécurité et profit.

La privatisation de l’espace prend un coup dans l’aile, mais les projets restent nombreux

Grâce à Virgin, c’est le tourisme spatial qui regroupe les projets les plus médiatisés. On peut ainsi évoquer la société américano-néerlandaise XCOR/SXC et sa navette Lynx, qui promet des vols deux fois moins chers que ceux de Virgin et une altitude comprise entre 50 et 100 kilomètres.
Bigelow Aerospace prévoit de son côté de développer des hôtels dans l’espace. Début octobre, elle annonçait un partenariat avec la Station spatiale internationale pour qu’un de ses modules/chambres y soit raccordé l’an prochain.

Mais le tourisme n’est qu’un marché de niche et n’est pas la seule motivation des entreprises privées qui s’intéressent à l’espace : la mise en orbite de satellites très légers ou encore les vols sub-orbitaux entre différents continents sont aussi mis en avant.

SpaceShipTwo (au centre) et l'avion porteur WhiteKnight Two
SpaceShipTwo (au centre) et l’avion porteur WhiteKnight Two

Virgin développe ainsi Launcher One, destiné à mettre des engins robotisés en orbite basse pour un coût largement inférieur à ceux pratiqués par exemple par Arianne. Les néerlendais SXC et KLM (filiale d’Air France) travaillent eux sur un projet d’avion spatial. EADS, la maison-mère d’Airbus, est également sur le rang.

Swiss Space System (S3), une société lancée l’an dernier, prévoit pour sa part de s’attaquer aux trois marchés : en 2018, elle veut lancer des petits satellites (jusqu’à 250 kg) conçus par des universitaires, des PME ou des pays émergents. L’année suivante, elle veut adapter sa navette pour le transport de passagers et la simulation de l’apesanteur.
Enfin, dès 2020, S3 pense développer un avion-fusée capable de vols de longue distance passant par l’espace et évoluant à dix fois la vitesse du son. Elle relierait Londres et Tokyo en seulement 90 minutes.

Outre ces marchés potentiels, une autre explication à cette course à l’espace est fiscale, les entreprises américaines qui investissent dans le secteur bénéficient de réductions d’impôt. Il faut aussi souligner la fascination qu’ont certains patrons pour les étoiles.

À l’instar de Richard Branson, Jeff Bezos, le patron d’Amazon, s’est aussi essayé au transport de passagers avec Blue Origin, une entreprise fondée en l’an 2000. Mais celui qui a sans doute le plus de chances de réussir son pari reste Elon Musk. Si vous ne le connaissez pas encore, c’est le nouveau gourou technologique de la Silicon Valley, à l’origine d’entreprise comme PayPal, Tesla Motors (1er constructeur automobile 100% électrique et rentable au monde) ou encore SolarCity (l’un des principaux fournisseurs d’électricité solaire aux Etats-Unis). Mais ici, l’entreprise qui nous intéresse est SpaceX.

Elon Musk et SpaceX : Mars en ligne de mire

Space X est l’autre prestataire privé employé par la NASA dans le cadre du programme COTS. Fondée en 2002 grâce à l’argent de la vente de PayPal à eBay, l’entreprise est devenue en 2008 le premier acteur privé à envoyer une fusée dans l’espace. La même année, elle passe un contrat de 1,6 milliard de dollars avec la NASA pour assurer le ravitaillement de l’ISS.

Elon Musk dans les locaux de SpaceX
Elon Musk dans les locaux de SpaceX

Ses atouts ? Elle développe des lanceurs low-cost et réutilisables, ce qui lui permet d’afficher des prix imbattables. Et elle aussi a connu des moments difficiles : ses trois premiers essais ont été des échecs.

Une expérience qui paye aujourd’hui. En septembre, SpaceX s’est associé à Boeing afin de produire pour la NASA des navettes de transport de passagers. Depuis l’arrêt des navettes US en 2011, ce sont les Russes quiassurent des liaisons vers l’ISS avec leur vaisseau Soyouz. Mais les tensions autour de la Crimée ont décidé les Américains à investir 6,8 milliards de dollars dans un programme privé.

Ravitaillement de l’ISS, transport de passagers… Ces deux accidents de concurrents privés renforcent la position de SpaceX. D’autant qu’Elon Musk avait prévenu Richard Branson, blaguant que la technologie n’était pas sa tasse de thé.

Mais l’ISS et les vols sub-orbitaux ne sont pas les objectifs finaux du natif d’Afrique du Sud et de SpaceX. Comme vous pourrez le découvrir dans ce portrait, Elon Musk est obsédé par la sauvegarde de la planète, d’où Tesla et SolarCity. Mais en cas de pépin, le milliardaire mise sur la colonisation de Mars. « J’aimerais mourir sur Mars, mais pas lors de l’impact » confiait-il ainsi l’an dernier lors d’une conférence. Cet été, il récidivait dans une interview pour le site ManagementToday : « Nous serons sur Mars d’ici une dizaine d’années. Nous allons développer des vaisseaux pour ça. J’en serais certainement moi-même, bien que je ne pense pas qu’il soit très sage que le patron soit aussi le pilote d’essai ».

Le mouvement opposé à la construction du barrage de Sivens depuis cet été vient de connaitre sa première victime, le samedi 25 octobre, vraisemblablement au cours d’affrontements avec la police.

Vice News était aux côtés des manifestants début octobre, dans une ambiance digne de Notre-Dame des Landes. Les manifestants s’opposent à la construction d’un barrage décidée par le conseil général du Tarn et qui devrait profiter à une poignée d’exploitants agricoles. Ils mettent en avant le coût élevé du projet et le fait qu’une zone importante pour la biodiversité soit ratiboisée.

Les tensions sont exacerbées depuis le 1er septembre et le début de l’opération de déboisement qui n’a jamais cessé malgré les recours administratifs déposés par les groupes de défense.

Les images Google Earth ne fonctionnent apparemment pas si vous consultez cet article sur mobile, désolé pour ça.

La Terre a bien changé en 30 ans. Google Earth s’est amusé à réunir des images satellites qui montrent l’évolution de quelques lieux emblématiques depuis 1984.

Au Brésil, la déforestation a augmenté de 30% en 2013, année où 6000 kilomètres carrés ont été coupés selon les relevés satellites. Il y a dix ans, c’est 30 000 kilomètres carrés qui étaient déboisés.

La mer d’Aral a quasiment disparu, remplacée par un désert de sel et de sable. Alors que l’assèchement devient significatif à partir des années 1960, la mer se sépare en deux en 1989.  En 2005, le Kazakhstan décide de construire un barrage pour préserver la « Petite mer » du nord. Entre 1960 et 2011, la superficie maximale de la mer est passée de 66500 à 13900 kilomètres carrés.

En parallèle de ces événements aux conséquences écologiques désastreuses, on a vu des zones désertiques prendre vie par l’action de l’homme.

C’est le cas à Las Vegas, dans le désert de Mojave, au Nevada, où la population de la ville a été plus que multipliée par trois en trente ans pour atteindre 600 000 habitants. L’agglomération regroupe 2 millions de personnes sur 67500 kilomètres carrés. Si Las Vegas est confronté à la sécheresse et doit lutter pour la préservation de ses ressources en eau, le désert de Mojave est aujourd’hui le premier lieu de production d’électricité éolienne au monde.

À Dubaï, la capitale économique des Emirats Arabes Unis, la population de l’agglomération est passée de 370 000 en 1985 à plus de 2 millions de personnes aujourd’hui. La ville a fait des folies immobilières une vitrine pour attirer les touristes. Des projets comme la tour Burj Khalifa, plus haute construction humaine, ou les îles artificielles Palm Islands ou The World en sont les exemples les plus célèbres, mais Dubaï abrite ou abritera bientôt le plus haut hôtel du monde, le plus grand, le plus grand centre commercial, etc.

Enfin, dernier exemple en Arabie Saoudite, où les cultures de blé ont fleuri grâce à la volonté du royaume d’être autosuffisant. Pari gagné, mais le blé d’Arabie Saoudite est quatre fois plus cher à produire que ses concurrents. Intenable à partir de 2008 est la crise financière, qui oblige le pays à remplacer peu à peu le blé par le riz. Aujourd’hui, l’Arabie importe la majorité de ses besoins.

Crédit photo : Stew Dean

Avec un niveau proche de celui d'un enfant de sept ans ?

Mark Zuckerberg parle-t-il couramment le mandarin ? C’est ce qu’une grande majorité des médias découvre ce matin après la publication d’une vidéo montrant le créateur de Facebook donner une conférence à l’université chinoise Tsinghua, à Pékin, où il occupe désormais un siège au conseil d’administration.

Pendant une demi-heure, il a répondu seul aux questions du conférencier, se permettant même quelques blagues. L’assistance éclate de rire à plusieurs reprises, preuve que l’offensive de charme du milliardaire américain en direction de la Chine, un marché appétissant auquel les firmes occidentales aimeraient goûter, est un succès.

 

Bien que son réseau social soit interdit en Chine, Facebook collabore en effet avec de nombreuses entreprises locales qui cherchent à faire de la publicité en Occident. Travailler son image auprès de l’opinion publique est un moyen de prendre l’avantage sur la concurrence.

Zuckerberg a ainsi évoqué son envie de découvrir la culture chinoise et son apprentissage du mandarin comme un moyen d’y arriver. Il a aussi parlé de sa couleur favorite (bleu Facebook, alors qu’il est daltonien), de sa femme, Priscilla Chan, dont la famille est originaire du pays ou encore de sa philosophie du business. Sans oublier de faire l’éloge de l’innovation chinoise.

Sa prestation n’a pas pour autant séduit tous les observateursle blog Foreign Policy trouve le niveau de mandarin et la prononciation de Mark Zuckerberg dignes d’un enfant de sept ans qui parle la bouche pleine. Son accent américain serait également incompréhensible pour la plupart du public. Tout en reconnaissant les mérites de Zuckerberg, le blog avance que les auditeurs sont enthousiastes car ils respectent son effort et sa notoriété.

Mark Zuckerberg, qui a dû repasser à l’anglais au moment des questions du public, reste bon joueur, affirmant même que sa femme dit qu’il est aussi mauvais en anglais qu’en chinois.

Crédit photo : Cyril Attias

Pour de nombreux journalistes, la menace invisible du virus Ebola et bien plus effrayante que les détonations qui se font entendre en Syrie et en Irak. 

Pour de nombreux journalistes, la menace invisible du virus Ebola et bien plus effrayante que les détonations qui se font entendre en Syrie et en Irak.

Selon Claire Hedon, journaliste de RFI citée par l’AFP, il est plus simple de trouver des journalistes pour couvrir les événements dans ces zones ou même en République Centrafricaine, où la guerre civile est latente, que d’aller dans les pays touchés par le virus.

Comme le personnel médical et les travailleurs humanitaires, les journalistes doivent aller au plus près des malades pour faire correctement leur travail. Ils doivent donc prendre des précautions éprouvantes (enfiler une tenue de protection, se laver régulièrement…) sous peine de contracter le virus.

Le personnel médical paye un lourd tribut à la lutte contre la maladie. Les journalistes ne sont pas immunisés. Pour l’instant, un seul journaliste occidental a été contaminé, l’Américain Ashoka Mukpo, pigiste pour NBC.

Pour Sofia Bouderbala, rédactrice en chef adjoint pour l’Afrique de l’AFP, il s’agit d’une menace invisible : « dans les zones de guerre, vous pouvez voir les obus tomber. »

Pourtant, certains journalistes tentent l’aventure

Mais ils doivent garder leur distance : « la règle de base est de ne rien toucher. Pendant deux semaines c’est assez bizarre » raconte Marc Bastian, journaliste de l’AFP à Monrovia. « Nous pulvérisions nos chaussures avec de l’eau de Javel et nous lavions nos mains de 40 à 50 fois par jour. Les photographes utilisent des téléobjectifs pour photographier les malades et une fois j’ai fait une interview avec quelqu’un qui était huit mètres en hurlant. »

Ces difficultés sont illustrées dans ce reportage de Vice News à Monrovia le mois dernier où le reporter hésite à parler directement aux malades.

Pour les journalistes radio, l’exercice est aussi périlleux. Yves Rocle, responsable de RFI pour l’Afrique, avoue que ses équipes utilisent un dispositif spécial pour obtenir du son. « J’ai moi-même interrogé des malades à deux mètres d’écart, où il est considéré qu’on ne peut pas être touché par la salive », ajoute Claire Hedon, qui admet que la moindre erreur peut être fatale. « Pour être honnête, vous baissez votre garde. À la fin j’ai même serré des mains. »

Mais les risques de s’arrête pas à la fin de la mission

En rentrant chez eux, les journalistes doivent faire face à la peur de leurs collègues et de leur famille, du moins jusqu’à la fin de la période d’incubation, lorsqu’on est certain que les symptômes ne se déclareront plus. C’est une période très solitaire et très stressante pour les journalistes.

« Vous prenez votre température tous les jours et vous vous inquiétez à la moindre alerte » avoue Guillaume Lhotellier, journaliste pour la société de production Elephant. « Votre vie sociale n’est pas très grande, il y a des gens qui refusent même de vous serrer la main. »

reporter-africa

Les médias hésitent quant à la politique à adopter avec leur personnel. Certains laissent leurs journalistes travailler dès leur retour, comme la BBC ou l’AFP, qui mettent en avant leurs protocoles de protection sur le terrain. D’autres préfèrent adopter des mesures de quarantaine, comme l’agence AP, qui demande à ses journalistes de rester trois semaines à la maison.

Des mesures que tous ne supportent pas, à la façon de Nancy Snyderman, journaliste de NBC, vue en ville alors qu’elle était supposée être en quarantaine.

Source : Flickr / Jean Francois Monnet

Disparu depuis plus d’un mois et demi, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un se serait à nouveau montré en public ce lundi 13 octobre selon l’agence de presse du régime. Une absence de plus de quarante jours qui, paradoxalement, n’a pas empêché le troisième « Kim » de faire parler de lui.

Maladie ? Coup d’État à son encontre ? Les hypothèses n’ont pas manqué du côté de la presse occidentale.

Kim is back !
Kim is back !

Qu’est-il arrivé à Kim Jong-un ?

Comme toujours avec la Corée du Nord, il est très difficile d’obtenir des informations fiables : les communications vers l’extérieur sont quasiment inexistantes et la mentalité coréenne, couplée à l’aspect totalitaire du régime, rend très difficile l’envoi ou le recrutement d’informateurs dans le pays.

Pour en savoir plus sur ce point, cliquez ici

La « disparition » de Kim Jong-un a été remarquée fin-septembre, lorsque le jeune leader de 31 ans a battu son record d’absence (21 jours en 2013) et a raté l’un des événements politiques les plus importants du régime communiste, l’Assemblée populaire suprême.

Les apparitions publiques de Kim Jong-un depuis près de deux ans
Les apparitions publiques de Kim Jong-un depuis près de deux ans

Cette absence a ensuite particulièrement intéressé la presse lorsqu’une délégation nord-coréenne s’est rendue presque par surprise (elle n’a été annoncée que 24 heures à l’avance) le 4 octobre à la cérémonie de clôture des Jeux asiatiques qui se déroulaient en Corée du Sud.

Cette visite marque la reprise du dialogue entre les deux frères ennemis, sept mois après son interruption. Elle est aussi particulièrement symbolique puisqu’elle est menée par le vice-président de la Commission nationale de défense, le vice-maréchal Hwang Pyong-so, n°2 « officieux » du pays. Un poste auquel il a été nommé lors de la fameuse Assemblée suprême qu’a manqué le maréchal Kim Jong-un.

Alors qu’aucune rencontre au sommet n’avait eu lieu depuis 2009 et qu’aucun dirigeant nord-coréen aussi haut placé ne s’était rendu au sud depuis la guerre de Corée, le voyage du nouvel homme fort du régime au moment ou le leader reste invisible avait de quoi plaire à la presse.

On y reviendra, mais de nombreux titres ont même évoqué un coup d’État. Le 10 octobre, la nouvelle absence de Kim Jong-un aux célébrations du 69ème anniversaire de la création du Parti unique nord-coréen, chose inédite pour une cérémonie de premier plan, n’a fait qu’attiser les rumeurs.

L’explication à la longue absence de Kim Jong-un est pourtant connue depuis longtemps : le dirigeant est obèse. Il boit, fume et mange beaucoup trop. Kim Jong-un souffrirait depuis plusieurs mois (il a été vu boitant cet été, comme le montre la vidéo ci-dessous) de problèmes aux chevilles, de diabète ou encore de la goutte, une maladie qui se caractérise par une inflammation des articulations.

Opéré mi-septembre des chevilles par un médecin français, selon la presse sud-coréenne, il aurait eu du mal à se déplacer, d’où sont refus d’apparaître en public depuis le 3 septembre, date à laquelle il avait assisté à un concert de son groupe préféré. Les photos publiées par la presse nord-coréenne à l’occasion du retour du leader à la vie publique le montrent d’ailleurs en train d’utiliser une canne.

Cliquez ici pour découvrir des informations amusantes sur Kim Jong-un, son groupe préféré et la Suisse

Insuffisant toutefois pour faire taire les partisans du coup d’État, le premier d’entre eux étant Jang Jin-sung, un ancien porte-parole du général Kim Jong-il (le papa de Kim Jong-un, si vous n’avez pas cliqué sur l’encadré) exilé depuis une dizaine d’année à Séoul. Encore une fois, le manque de sources fiables fait que chacun peut dire ce qu’il veut sur la Corée du Nord sans que ce soit vérifié.

Le coup d’État : tentant mais impossible

Si la théorie du coup d’État a eu bonne presse, c’est qu’elle n’est pas totalement infondée. En effet, plusieurs éléments récents laissent penser qu’un changement pourrait avoir lieu à la tête du régime.

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Pour donner plus de crédibilité à l’hypothèse du coup d’État, on évoque aussi les difficultés qu’a Kim Jong Un à affermir son pouvoir : depuis 2011, il a remplacé près de la moitié des hauts dignitaires de l’armée. Ces quinze derniers mois, il a même changé trois fois son chef d’état-major. Son père en avait fait autant, mais en 17 ans de règne. Enfin, Kim Jong Un a condamné à mort son oncle Jang Song-taek l’an passé, l’accusant de vouloir prendre le pouvoir.

Dans ces conditions, une révolte mêlant militaires opprimés et anciens soutiens de Jang Song-taek semble crédible. Mais on peut lui opposer plusieurs arguments.

La venue, en plein changement de régime, d’une délégation aussi importante que celle qui s’est déplacée en Corée du Sud le 4 octobre est improbable. Les putschistes devraient au contraire affermir leur domination sur la capitale et les institutions du pays. Néanmoins, cet argument n’exclut pas une transition en douceur.

Le régime nord-coréen est tellement lié à la « dynastie de Paektu » mise en place par le grand-père de Kim Jong-un, le président Kim Il-sung, qu’il s’effondrerait sans un membre de la famille à sa tête. Dans le cadre de cette « transition en douceur », certains évoquent le rôle de la sœur cadette de Kim Jong-un, Kim Jong-yo, âgée de seulement 26 ans et qui serait désormais aux affaires. Cependant Kim Jong-yo est une proche collaboratrice de son frère et fut tout aussi active auprès de son père. Il n’y a rien d’étonnant à voir la sœur s’occuper des affaires courantes pendant la convalescence du frère.

Kim Il-sung (gauche) et son fils Kim Jong-il
Kim Il-sung (gauche) et son fils Kim Jong-il sont omniprésents en Corée du Nord

Le dernier élément qui laisse penser qu’aucun réel changement n’a lieu à la tête de la Corée du Nord, c’est l’absence de réaction de la Chine, de la Corée du Sud et ses alliés américains. La chute du dernier régime stalinien au monde aurait de graves conséquences pour ces pays : que faire d’une nation de 25 millions d’habitants fanatisés, qui possède la quatrième armée du monde et un stock impressionnant d’armes, dont probablement des têtes nucléaires ?

Cliquez ici pour en savoir plus sur l'armée nord-coréenne et le programme nucléaire et spatial

Le régime actuel est très prévisible. Un changement soudain à sa tête ou même sont effondrement inquiéterait les pays voisins, qui auraient au minimum mis leurs armées en alerte. Or, il n’y a pour l’instant que la presse qui soit aux aguets.

La situation aurait pu changer la semaine dernière après des échanges de tirs entre le Nord et le Sud.

Le 7 octobre, un bateau sud-coréen a ouvert le feu sur une navette nord-coréenne qui s’introduisait dans ses eaux territoriales. Rien d’exceptionnel, alors qu’il y a régulièrement ce genre d’accrochage dans la zone. Ce n’est qu’un nouvel épisode de la « Guerre du Crabe » qui oppose les deux marines depuis 60 ans.

Plus rare, il y a eu des échanges de tirs entre des postes frontaliers le 10 octobre, alors que l’armée du nord essayait d’abattre des ballons dirigeables chargés de tracts et de dollars envoyés par des opposants depuis le sud. Pyongyang accuse Séoul d’encourager ces actions et il est très probable que la délégation envoyée aux Jeux asiatiques cherchait à s’assurer qu’un tel événement ne se produirait pas à l’occasion de l’anniversaire du Parti.

Pyongyang en a profité pour rompre les discussions ouvertes par la visite officielle du 4 octobre, mais aucun mouvement de troupes n’a été signalé depuis.

Pour résumer, Kim Jong-un semble donc toujours en vie et au pouvoir. L’armée, malgré la purge et une méfiance croissante, lui obéit toujours et la réouverture des discussions avec le sud n’est déjà plus d’actualité… Si vous comprenez la logique de tout ça, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

Personnellement, je ne trouve qu’une explication : rien n’a changé en Corée du Nord et la presse s’est emballée pour pas grand chose. Comme d’habitude, le régime communiste souffle le chaud et le froid. C’est une de ses vieilles techniques.

Rien de nouveau chez les Kim

Pour comprendre ce qu’il se passe actuellement en Corée du Nord, où plutôt comprendre qu’il ne s’y passe pas grand chose, il suffit de comparer la situation de Kim Jong-un avec celle de son père.

Avant cela, il faut poser quelques bases, surtout si vous n’avez pas lu le premier encadré relatif à la difficulté d’obtenir des informations sur la Corée ! Ce qui en passant n’est pas très gentil. Comme je le disais, la Corée a une culture isolationniste très marquée. Le confucianisme est aussi très présent dans les mentalités et il prône principalement des valeurs conservatrices. Dans la société nord-coréenne, le futur est imaginé comme la reproduction du passé.  Les règles et les dirigeants sont immuables. Leur politique aussi…

En 1995, Kim Jong-il vient de succéder à son père Kim Il-sung. Comme Kim Jong-un en 2011, la presse occidentale se moque de lui. Kim Jong-il est présenté comme un playboy, amateur de femmes et de grands crus, passionné de cinéma. Son fils passe pour un glouton alcoolique et obèse, fan de Disney. En 1995 aussi, on pensait que Kim Jong-il n’arriverait pas à imposer son autorité et que le pays était au bord de l’effondrement. En 1995 aussi, le dirigeant nord-coréen avait procédé à une purge, supprimant deux des neufs plus grandes armées du pays. Déjà, on évoquait la possibilité d’une tentative de coup d’État pour expliquer les événements. Plus généralement, la chute du régime est une véritable arlésienne, qui fait fantasmer par sa portée démocratique comme par ses potentielles conséquences catastrophiques.

Pour savoir pourquoi il faut redouter la chute du régime, vous connaissez la musique...

Quant à la volonté de reprendre les discussions avec le sud pour les rompre quelques jours plus tard, il s’agit ni plus ni moins de la façon habituelle dont la Corée du Nord gère ses relations internationales. Pour se faire entendre et obtenir ce qu’ils veulent (aide alimentaire, reprise des recherches nucléaires…) les Coréens alternent les phases de détente et de rapprochement avec celles de menace et d’isolation.

Un jour le régime oeuvre pour la réunification de familles séparées par la guerre de Corée ou le retour d’otages dans leur pays d’origine, un autre il rouvre le dossier nucléaire. À chaque essai, tir de missile, ou parade militaire, les Nord-coréens menacent puis ouvrent des discussions où ils promettent de se calmer en échange de l’aide internationale.

L’absence du leader communiste serait plus liée à un coup marketing qu’à un coup d’État. Cette mise en scène assurerait à la Corée du Nord un espace médiatique suffisant pour avancer ses pions. Les discussions avec la Corée du Sud devraient reprendre prochainement. Mais la encore, l’opacité qu’est capable d’imposer la dictature communiste empêche toute réponse certaine.

Ce dernier encadré recèle quelques informations sur la politique internationale du régime

Par contre, les théories du complot ont le mérite de mettre en avant une chose : la montée en puissance de Hwang Pyong-so et de Kim Jong-yo. Deux personnalités qui, jusqu’à présent, étaient affiliées à un autre organe méconnu du régime : le Département de l’Organisation et de l’Orientation du Parti.

Créé par Kim Jong-il, ce bureau aurait de plus en plus d’influence sur la politique du régime selon les partisans d’une transition en douceur qui pensent que Kim Jong-un serait désormais leur homme de paille. Là encore, la promesse de changement permet à la Corée de se montrer sous un meilleur jour.

Hwang Pyong-so était vice-président du Département de l'Organisation et de l'Orientation avant de monter en grade. La grosse marrade.
Hwang Pyong-so était vice-président du Département de l’Organisation et de l’Orientation avant de monter en grade. La grosse marrade.
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Kim Jong-yo, la soeur cadette du dirigeant. Son nom est de plus en plus cité sur les documents officiels nord-coréens.