Bon c'est pas encore Interstellar, mais ça reste du très lourd !

En matière de conquête spatiale, l’Homme n’est plus un novice. La Station Spatiale Internationale, l’expédition de Curiosity sur Mars et bien sûr les missions Apollo sur la Lune sont là pour nous le rappeler.

Mais aujourd’hui, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) est en passe de réaliser l’un des tours de force les plus retentissants de l’histoire de la conquête spatialeLa sonde Rosetta, qui a quitté la Terre il y a dix ans, doit larguer Philea, un robot-laboratoire, sur la surface de Churyumov-Gerasimenko, une comète qui passe tous les six ans et demi près du soleil. C’est l’aboutissement d’un projet débuté en 1993 et dont la réussite va se jouer en seulement quelques secondes.

11206755953_2784b7dfbe_h

Jusqu’ici, l’Homme a exploré cinq objets célestes : la Lune, Mars, Vénus, Titan, une lune de Saturne, et l’astéroïde Éros. Excepté Éros – qui cela dit a été « exploré » involontairement, la sonde envoyée n’était pas destinée à se poser dessus – ce sont tous de très gros objets, « faciles » à atteindre. Mais le voyage n’est pas l’opération la plus délicate dans ce type de mission : le plus dur, c’est de se poser à la surface de ces astres.

Churyumov-Gerasimenko, « Tchouri » pour les intimes, est une comète d’à peine 4 kilomètres de diamètre qui se déplace environ à quarante fois la vitesse d’une balle. Pour l’atteindre, Rosetta a dû parcourir 6,4 milliards de kilomètres, faire plusieurs fois le tour de la Terre et de Mars afin d’avancer grâce à leur force gravitationnelle, frôler deux astéroïdes (Steins et Lutetia) à 55 000 kilomètres / heures… Ceci afin de se placer dans la trajectoire de la comète, à « seulement » 510 millions de kilomètres de la Terre et cela dix ans après son lancement. Dix ans de calculs pour les ingénieurs de l’ESA, qui ont même dû décider d’un dernier « boost » à haut risque cet été afin de ne pas manquer le rendez-vous.

philae_s_primary_landing_site_in_context

Maintenant qu’elle est en orbite autour de Tchouri, Rosetta va larguer son compagnon Philea sur la surface. Une descente de 22 kilomètres, effectuée à la vitesse ahurissante de… 3 kilomètres / heure. En effet, si Philea se déplace aussi vite qu’un homme à pied, c’est pour ne pas manquer le site d’ »acométage » désigné par l’ESA, alors que la comète tourne sur elle-même en seulement 12 heures et que Rosetta, du fait de la faible gravité exercée par Tchouri,  est quasiment immobile au-dessus de celle-ci. Atteindre le site désigné est primordial, car c’est le seul endroit assez « plat » pour permettre à Philea de se poser. Le robot n’a aucun propulseur et ne peut donc pas changer sa trajectoire lors de sa chute. Toujours à cause de la faible gravité, la moindre perturbation imprévue peut envoyer le robot à la dérive.

Le moment précis du largage a été calculé depuis la Terre, ce qui sous-entend une connaissance parfaite du fonctionnement de notre système solaire… Et encore, les chances de succès ne sont que de 50% ! En quelques secondes, vingt ans de travail et un investissement de 1,3 milliard d’euros peuvent avoir des résultats diamétralement opposés : soit le robot foire son atterrissage, et ne se révèle être qu’un simple tas de métal envoyé sur un morceau de glace aux confins de l’espace ; soit tout se passe bien, et le labo sera à même d’analyser la composition de la comète.

2902803-rosetta-chiffres-jpg_2549844

Car oui, l’objectif de tout cela est, au passage, de savoir quels sont les éléments qui composaient notre système solaire il y a 4,57 milliards d’années, au moment de sa formation. La glace ne représente en effet que 80% de la comète, le reste étant composé de molécules organiques et de minerais. En gros, Tchouri est un congélateur ou une sorte de « fossile » spatial. Mais plus la comète se rapprochera du soleil – le point le plus proche sera atteint l’été prochain – plus ces éléments seront projetés dans l’espace, permettant à Philea de les analyser.

Sans tourner autour du pot, Philea pourrait répondre à deux questions : déterminer si oui ou non, l’eau présente sur Terre est issue des nombreuses comètes qui s’y sont écrasées il y a environ 3,9 milliards d’années ; observer s’il y a des acides aminés sur Philea, ce qui laisserait supposer qu’il y en avait sur ces autres comètes, et donc que la vie sur Terre est venue de l’espace…

Bref, sommes-nous oui ou non des extraterrestres ? Ça vaut bien 20 ans et 1,3 milliard non ?

La plus grande prouesse de l'histoire spatiale ?

Voici deux vidéos pour revivre l’odyssée de la sonde Rosetta et l’atterrissage de Philea :


Rosetta : 10 ans de voyage à travers l’espace par LePoint
Crédit photo : Joseph Brimacombe

Journaliste, diplômé en économie et en histoire, j'ai fait mes classes au service sport du quotidien La Marseillaise avant de tomber dans le Web et l'actualité du numérique. Avec Snackable, je vais essayer de vous faire partager ce qui me passionne ou m'interpelle.

NO COMMENTS

Leave a Reply