Mais comment diable font ces gens pour aimer le métal ?
Chaque année, juste avant l’été, dans la petite ville de Clisson en Loire-Atlantique se déroule un événement particulier :
Ce que vous voyez, c’est 150 000 personnes venues écouter du métal pendant 3 jours pour le festival Hellfest.
Parce que plein de gens aiment écouter du métal et cela peut sembler bizarre parce que pour la majorité d’entre vous, votre expérience du métal doit plutôt s’apparenter à celle des deux personnes sur la droite :
Mais comment font-ils pour aimer ça ?
Alors on pourrait se dire que ces gens qui écoutent du métal sont juste des mecs bizarres, avec leur cheveux longs et leur habits noirs et que cela ne vaut juste pas la peine de les comprendre. Mais le truc c’est que derrière leur apparence bizarre se cachent bien souvent des êtres humains normaux et fréquentables. Pire encore beaucoup de metalleux ne ressemblent pas à des métalleux, eh oui, j’en suis d’ailleurs un bon exemple, j’ai les cheveux courts, aucuns piercings, je ne m’habille jamais en noir (c’est triste et puis ça va avec rien) et pire encore, j’ai fait une école de commerce.
Je ne compte pas le nombre de personnes qui ont été au mieux étonnées (au pire, méprisantes) lorsqu’elles ont appris qu’écouter du Opeth ou du Gojira régulièrement était une activité nécessaire à mon bien-être personnel.
Alors comment peut-on trouver quelque chose d’agréable et d’appréciable dans le métal parce que c’est vrai que ça peut être extrêmement troublant quand on ne connaît pas. Ne vous en faites pas, je vais vous expliquer, parce que vous n’avez jamais envie de devenir ce gros con fermé d’esprit qui dit des trucs comme « le métal ? C’est du bruit, pas de la musique. »
Le métal, c’est comme le surf
Voici une jolie métaphore pour que vous compreniez à la base ce qu’il y a d’intéressant dans le métal. Bon, j’ai jamais fait de surf mais je crois un peu comprendre le principe de base.
Pour surfer sur de l’eau, vous avez besoin d’énergie. Cette énergie c’est la vague, le surfeur va chercher à l’utiliser pour glisser sur l’eau comme ceci :
Le but d’un surfeur c’est donc de dompter une partie de l’énergie de l’océan pour son kiff personnel (dit comme ça c’est très classe comme sport, pas étonnant qu’ils choppent autant).
Seulement vous devez apprivoiser l’énergie, la canaliser pour la réutiliser. Réussir à faire ça demande de l’entraînement, parce que quand vous ne savez pas dompter l’énergie, quand vous subissez la vague, vous la prenez en pleine face, comme ceci :
Et ça ce n’est pas agréable du tout, vous avez du sel dans les trous de nez et vous toussez.
Alors le rapport avec le métal me direz-vous ?
Le métal représente une très forte dose d’énergie musicale, c’est son but premier. Du coup pour le débutant non habitué, écouter du métal revient à se prendre une vague de bruit dans la tronche, vous n’entendez que des sons saturés et cela vous agresse, parce que vous ne comprenez pas ce qu’il se passe et vous vous mettez sur la défensive, vous vous fermez (ce qui est naturel).
A l’inverse pour le metalleux aguerri, toute cette énergie le porte, lui va entendre le riff de guitare, le rythme de la batterie, il va canaliser tout ça, se l’approprier et ça va lui donner une pêche monstrueuse (je vous jure, j’écoute à peu près tous les genres de musique et je n’ai jamais rien trouvé qui donne autant d’énergie, bon après chaque genre a son intérêt).
Et quand vous arrivez à canaliser toute cette énergie vous avez besoin de l’évacuer, c’est ce besoin qui poussent les metalleux à faire des trucs apparemment absurdes comme ça :
(j’interdis au public non-aguerri de mettre le son, ce passage est spécifiquement pensé pour être le plus agressif possible pour le live et vous n’êtes tout simplement pas prêt, mais après je sais que les gens adorent faire ce qu’on leur interdit de faire, alors vous allez le faire, mais ne le faites pas et si vous le faites, ne laissez pas ça vous dégoûter, c’est normal d’avoir l’impression de se faire violer le tympan).
Bon déjà vous avez compris le principe de base du métal et pourquoi certains l’apprécient et d’autres non, mais le métal ce n’est pas juste de l’énergie.
Oui le métal c’est de la musique et même plutôt plus que beaucoup d’autres genres
Ok je vous provoque un peu avec ce titre mais c’est parce que j’ai tellement entendu la phrase « le metal c’est pas de la musique » que je dois me défouler. Parce que rien n’est plus éloigné de la vérité que cette phrase.
Avant de dire pourquoi le métal c’est de la musique, on doit d’abord définir vite fait ce qu’est la musique :
La musique commence là où la parole est impuissante à exprimer.
Bon ok en vrai cette phrase est pas de moi et ne fait pas du tout avancer mon truc mais je la trouve juste très stylée (elle est de Debussy).
Bon ma définition est très subjective, mais la musique en gros c’est trois choses :
- Le rythme (le moment où on joue les notes).
- La mélodie/l’harmonie (quelles notes on choisit de jouer et comment elles sonnent à la suite (mélodie) ou ensemble (harmonie) ).
- Le timbre (comment sonne un son, vous pouvez faire la marseillaise à la guitare et au violon, les notes et le rythme sont les mêmes mais ça sonne pas pareil parce que le timbre est différent).
On peut donc jouer avec trois composantes pour faire de la musique, certaines musiques seront principalement ryhtmiques, d’autres vont mettre le paquet sur la mélodie et l’harmonie mais sans forcément travailler le timbre, etc…
Le truc c’est que les différents genres de musique vont traditionnellement appuyer sur les mêmes composantes et c’est intéressant d’y réfléchir. Alors là je préviens, je vais généraliser à outrance mais c’est pour que vous compreniez ce que je veux dire :
La musique « commerciale » (j’aime pas trop le terme mais en gros ce qui est poussé dans les gros médias et pensé pour plaire au plus grand nombre) va plutôt s’appuyer sur une mélodie forte et reconnaissable qui sera d’autant plus mise en avant par le lissage du reste (timbre commun et rythme simple)
Le rap va s’appuyer principalement sur le rythme, l’instru et sa mélodie répétitive est travaillée principalement au niveau du timbre car elle est là pour mettre une ambiance et pour poser le cadre, le rappeur va ensuite se servir de sa voix comme d’un instrument rythmique ce qui donne le « flow » (avant le rap, la voix était quasi exclusivement mélodique, c’est cette différence fondamentale qui a valu a beaucoup de rappeurs l’appellation de « pas des vrais chanteurs »)
La musique classique se concentre principalement sur l’harmonie et la mélodie qui est ici extrêmement complexe et travaillée (on a fait un guide pour découvrir la musique classique d’ailleurs si ça vous intéresse). Le timbre est également très travaillé dans certaines formations, par exemple l’orchestre où le compositeur va « distribuer » les rôles avec minutie en fonction du sens recherché par la musique.
La musique électronique se concentre plus sur le timbre, on a souvent un rythme classique en 4 temps (pour la danse et pour les transitions), une mélodie minimaliste qui s’efface pour mettre en valeur le travail ENORME sur le son (le fameux beatmaker qui passe 12 heures juste sur le son de son kick).
Bon alors tout ça c’est des règles générales bien sûr et les musiques les plus intéressantes sont souvent celles qui essaient de s’affranchir des règles de leur genre (les délires rythmiques d’Aphex Twin en electro sont pour moi un bon exemple ou encore l’aspect mélodique de la voix d’Eminem).
Et le métal dans tout ça ? Et bien le métal privilégie principalement la mélodie (et l’harmonie dans une moindre mesure), oui oui vous avez bien lu. Alors bon oui ça dépend des sous-genres encore une fois mais globalement un groupe de métal va d’abord composer un riff, une mélodie puis s’occupera du rythme et du timbre dans un second temps.
C’est quelque chose que beaucoup ignorent, lorsqu’une oreille non-habituée entend du métal elle se sent attaquée par des sons saturés et ne peux pas entendre la richesse mélodique et harmonique qui se cache derrière. Et pourtant croyez moi, le métal offre une véritable richesse de composition, d’ailleurs beaucoup de metalleux sont musiciens et certains sous-genres comme le métal progressif vont même très loin dans le délire avec des musiques extrêmement longues, variées et complexes (ce qui les rend d’ailleurs encore plus difficile d’accès).
Ah et vous ne remarquez rien ? La musique classique et la musique métal partagent énormément de points communs.
Eh oui, en fait beaucoup de metalleux sont également des grands fans de musique classique puisque les deux genres recherchent grosso modo la même chose, certains vont même jusqu’à attribuer à la musique de Wagner des caractéristiques metal, lui qui recherchait l’énergie et des basses puissantes.
D’ailleurs une étude a même montré que les auditeurs de musique classique et de métal avaient tendance à partager des traits de personnalités. Selon l’étude, ils sont tous les deux plutôt créatifs, bienveillants et à l’aise avec eux-mêmes (et je dis pas ça pour me la péter et pour flatter les lecteurs metalleux, non, non… ).
Donc oui, le métal c’est de la musique, mais une petite précision, je ne sous-entends absolument pas de hiérarchie entre ces composantes et un genre n’est pas plus de la vraie musique s’il s’appuie principalement sur la mélodie et l’harmonie. Mais pour être honnête avec vous, je pensais ça quand j’étais ado, puis j’ai découvert Mezzanine de Massive Attack et le trip-hop en général.
Bon, pour le moment on a expliqué que le métal était une histoire d’énergie et que c’était bien de la vraie musique. Mais on a pas répondu à la question, comment font les gens pour écouter du métal ?
Eh bien, en général, un métalleux n’a pas commencé par le death metal extrême en se disant qu’il kiffait, non il est passé par plusieurs étapes pour habituer son oreille et c’est de ça que l’on va parler dans cette dernière partie.
Le métal c’est comme le ski
Chez Snackable on adore les métaphores de sports de glisse, alors on va pas s’arrêter là.
Quand vous apprenez le ski, vous ne commencez pas par dévaler les pentes d’une piste noire en faisant des slaloms de grand blond. Non, au début vous galérez sur des pistes vertes.
Le métal c’est pareil. Ici je vais vous décrire comment en général on en arrive à écouter du métal, jusqu’aux trucs très extrêmes, parce que tout ça est une progression. Tout le monde ne va pas au bout, parce que tout le monde ne peut pas écouter de la musique métal extrême, mais il est important d’aborder les choses progressivement, il est normal que si vous commencez le ski par une piste noire, vous allez vous planter.
Vous me direz dans les commentaires où vous vous êtes arrêtés.
Les pistes vertes du métal, ou comment vous écoutez déjà du métal sans vous en rendre compte
Comme toutes les musiques, le métal a évolué de quelque chose d’autre. Et ce quelque chose d’autre c’est le hard-rock.
Les gens qui écoutent du métal ont rarement commencé par ça, la plupart viennent du hard-rock et comme ce dernier, ont évolué vers le métal.
On attribue généralement à Black Sabbath la paternité du genre métal. Et c’est vrai que le groupe a vraiment donné au genre ses codes, principalement dans les thèmes occultes et horrifiques qui y sont abordés.
Mais à vrai dire l’une des premières musiques avec des caractéristiques métal de l’histoire – et créé par un groupe majeur – date de 1968 et vient de 4 mecs de Liverpool que vous n’attendiez probablement pas dans ce genre
Ce groupe c’est les Beatles avec leur chanson Helter Skelter
VOUS SENTEZ L’ENERGIE DANS CETTE INTRO? Au passage, plus j’en apprends sur les Beatles plus je bave d’admiration, les mecs ont TOUT inventé à un point où ça devient indécent. Aujourd’hui vous pouvez être sûr que quelque soit la musique que vous écoutez, elle a été au moins indirectement influencée par les Beatles, j’écrirai probablement un article là-dessus parce que c’est incroyable.
Mais là où je veux en venir avec ce paragraphe, c’est que le métal vient directement du rock et du hard-rock, par conséquent beaucoup de musiques rock ont de fortes caractéristiques métal même si elles sont finalement assez éloignées du métal moderne.
Quelques exemples de musiques populaires avec de grosses caractéristiques métal (certaines de ces musiques sont déjà pas mal agressives, mais si vous les appréciez toutes mes félicitations petit poulain, vous êtes sur la bonne voie) :
Smell like teen spirit de Nirvana, riffs en accord de puissance avec distorsion, déluge d’énergie, voix cassée et criarde, batterie puissante, non je suis désolé c’est du métal.
When the Sun Goes Down de Arctic Monkeys Alors là c’est très rock mais pas mal de groupes indé anglais flirtent régulièrement avec les limites du rock en terme d’énergie (je pense à Royal Blood aussi), au final ça bouge vraiment et si vous aimez ça vous n’aurez pas trop de mal à aller un peu plus loin.
New Born de Muse La bande à Mat Bellamy aime bien les gros riffs et la musique classique. C’est très métal comme esprit, comme le riff de New Born.
Bonfire de Knife Party Yes petite exception, c’est pas du rock mais globalement, la dubstep c’est très métal comme truc, j’irais même jusqu’à dire que la dubstep est à la musique électronique ce que le métal est au rock. Même recherche d’énergie et de puissance, d’ailleurs j’ai l’impression que pas mal de métalleux écoutent de la dubstep en secret.
Killing in the name of de Rage Against the Machine C’est assez évident là, cette musique respire la violence et si vous vous êtes déjà surpris à hurler « FUCK YOU I WON’T DO WHAT YOU TELL ME, MOTHEEEEEER FUUUUUCCKKKKER », félicitations, vous avez déjà mis un gros pied dans le métal, parce que c’est exactement ça qu’on kiffe.
Les pistes bleues du métal, le vrai métal qui reste accessible
Alors là on rentre dans les vrais groupes de métal mais qui restent encore très accessibles. Si vous donnez une chance au truc il y a de fortes chances que vous kiffiez.
Les ballades métal, ou comment tant de douceur se cache derrière ce genre musical de brutes
Comme on vous l’a dit, les metalleux adorent la musique et sont des gens gentils, ils veulent faire de la musique belle et douce et parfois les guitares saturées et les cris ben c’est pas adapté pour ça, alors ils écrivent des ballades.
Les ballades sont souvent des interludes dans les albums pour détendre l’auditeur entre deux pièces de violence à 200 BPM, c’est limite devenu un cliché, chaque groupe métal doit faire sa ballade. Et je peux vous dire que l’on trouve les plus belles musiques du monde parmi les ballades métal.
Vous pouvez commencer par la mère des ballades métal :
Félicitations, vous venez d’écouter une musique de Metallica, probablement le plus grand groupe de métal de tous les temps (hey ouai désolé mais j’ai jamais kiffé plus que ça Iron Maiden).
Allez deux petites ballades pour la route :
Still day Beneath the sun d’Opeth, l’une des plus belles musiques que j’ai jamais entendue, on reparlera d’Opeth dans la section piste noire, ce groupe est incroyable car il va de la plus grande douceur comme ici à des choses très très violentes et sombres, parfois dans la même musique.
3 libras d’A Perfect Circle Au passage, la voix que vous entendez provient de Maynard James Keenan plus connu comme étant le leader du groupe Tool, probablement l’un des groupes les plus fascinants sur cette terre et vous allez devoir me croire sur parole parce que j’aurais du mal à expliquer mais pour faire court, c’est le seul groupe que j’aime encore plus à chaque écoute ; et ça fait 10 ans que j’écoute régulièrement.
Les semi-ballades, ou comment aller vers le métal en douceur
La musique sert à exprimer des sentiments et à raconter des histoires. Tout ça n’est pas figé et on ne voit pas pourquoi une musique devrait être homogène du début à la fin, parfois il est intéressant de faire progresser l’atmosphère, de créer du contraste.
Ici je vous présente des musiques qui alternent entre moments doux et passages un peu plus heavy, c’est un excellent moyen d’aborder le métal parce que les moments heavy sont introduits progressivement ce qui évitera à votre oreille de se sentir agressée.
Fear of A Blank Planet de Porcupine Tree Un morceau qui monte progressivement et qui reste très accessible (limite c’est juste du rock). Au passage le chanteur de ce groupe s’appelle Steven Wilson et est un génie qui révolutionne la musique tous les jours en prenant son petit-déjeuner.
One de Metallica C’est tout simplement la musique qui m’a fait aimer le métal et on dirait qu’elle a été composée pour introduire le genre, c’est très doux au début sauf les refrains qui sont très heavy (mais très courts) puis la musique monte progressivement en puissance et en intensité jusqu’à exploser à la fin. Je vous met la version enregistrée avec un orchestre symphonique, parce que.
Les pistes rouges du métal, on commence à bien bouger la tête
Alors les pistes rouges c’est une grosse étape pour un skieur, il y a clairement un sursaut de difficulté par rapport à la piste bleue, maintenant on va écouter des musiques clairement énergiques et dynamiques mais tout en restant dans le métal classique (contrairement au metal « extrême » qu’on abordera brievement après).
Si vous avez aimé la fin de la musique One de Metallica vous devriez être prêt pour ça.
Master of Puppets de Metallica Je vous ai dit que j’aimais Metallica ? Le groupe a clairement permis de démocratiser le genre alors je suis obligé de vous faire écouter LEUR MUSIQUE. Voici Master of Puppets, LA MUSIQUE METAL par excellence, je n’imagine même pas le nombre de personnes qui ont commencé à apprendre la guitare électrique à cause de cette musique. De plus Master of Puppets montre bien le potentiel musical du métal, avec sa première partie heavy et entraînante, son interlude douce et mélancolique, puis cette remontée sombre vers un solo de guitare d’anthologie. Bref cette musique, c’est la définition du métal.
Cowboys from Hell de Pantera Allez, on va un peu plus loin dans l’énergie avec un autre classique d’un groupe légendaire : Pantera. Ici on est dans quelque chose de plus brut, on va à l’essentiel : une guitare avec un son acéré, une voix bien viril et un déluge d’énergie qui devrait vous faire sauter sur votre lit.
Les pistes noires du métal, ou l’arrivée du chant guttural
Ok ici on est dans l’étape ultime, une étape qui n’est franchie que par une partie des metalleux parce que c’est le moment où les chanteurs vont sortir leur voix de gorge pour faire des ROOOOOHHHHHHHHHHGGGGGGGGG.
Aujourd’hui j’adore ce type de chant, mais je me souviens de la première fois que j’en ai entendu, j’avais 16 ans et j’avais mis une musique d’Opeth dans mon mp3 128 Mo (comment on vivait bordel) sans la connaître et alors que j’écoutais, à la moitié de la chanson ce chant caverneux m’agressa.
Dans un réflexe de survie, j’enlevai alors subitement mes écouteurs, me jurant de ne plus jamais écouter de musique de ma vie.
Mais j’y ai réfléchi.
Il est tout à fait normal de se demander en quoi le chant guttural s’apparente à de la musique et surtout, qui a eu l’idée de faire ça ?
Mais en fait, c’est parfaitement logique, quand vous cherchez à faire de la musique énergique, violente et sombre, il y a un moment où une voix mélodique et normale n’a plus vraiment de sens et contraste beaucoup trop avec les guitares saturées et les batteries puissantes. A ce moment les mecs se sont dit : « mais pourquoi on ne saturerait pas la voix aussi ? Histoire de pousser le délire jusqu’au bout ».
La voix gutturale n’est d’ailleurs pas qu’une voix saturée, c’est une voix de timbre. Vous vous souvenez tout à l’heure quand on disait que la voix était traditionnellement mélodique et que le rap l’avait rendue rythmique ? Et bien certains ont voulu explorer la dernière option et privilégier le timbre de la voix ; et pas que dans le métal d’ailleurs. Quand Thom Yorke de Radiohead produit des espèces de lamentations nasillardes on est dans la même approche. Ainsi la voix gutturale cherche à poser une ambiance, à rajouter un petit truc en plus de l’instru saturée.
De plus ce genre de chant extrême permet souvent de créer un contraste entre une partie mélodique et une partie violente. Cette idée de créer du contraste est pour moi la meilleure porte d’entrée vers le chant extrême parce qu’elle lui donne un sens.
Voici un exemple du groupe Néérlandais Textures, la première partie de la musique est magnifique avec de très belles envolées tout ça pour contraster et mettre plus en avant la deuxième partie chargée d’une agressivité absolument jouissive.
Un autre exemple avec l’un de mes groupes préférés, les suédois d’Opeth. Dans the Drappery Falls on a un morceau très aérien avec des passages très doux pendant toute la première moitié. On va monter progressivement jusqu’à arriver vers un chant très caverneux qui sert de paroxysme à une musique qui se veut être un parcours musical dans un monde complexe, sombre et torturé.
Petit bonus : le hors-piste
On peut aller toujours plus loin dans la violence et le métal extrême, pour ceux qui auraient tenu jusqu’ici voici un exemple avec un groupe tellement exceptionnel qu’un mec a écrit une thèse dessus : Meshuggah.
Vous êtes encore là ? Wouah, merci à vous d’avoir lu jusqu’au bout ! C’était très long comme article mais j’espère que vous aurez appris quelque chose et que vous fermerez cet onglet avec un esprit plus tolérant et ouvert. La bise.