France

Les avions Rafales de Dassault pourraient enfin trouver un acheteur ! Du moins c’est ce qu’on entend régulièrement dans la presse depuis plus d’une décennie.

Mise à jour du 13 février 2015 : Il l'a fait ! Du moins sur le papier

Un constat s’impose : l’avion français ne s’est encore jamais vendu à l’étranger, malgré l’intérêt de la Corée du Sud en 2002, du Maroc en 2007, de la Suisse en 2011 ou encore du Brésil en 2013 et la liste est longue. Depuis 2012, c’est l’Inde qui est le mieux placé pour devenir le premier acquéreur étranger du Rafale.

Le pays avait lancé en 2009 un appel d’offre auquel le Rafale a répondu, ainsi que le Typhoon d’Eurofighter, les F-16 et F-18 américains, le Saab Gripen suédois ou encore le MiG-35 russe. Il y a deux ans, seul le Rafale était encore en course et dès lors, il ne reste plus à l’Inde que d’acter l’achat de 126 appareils, pour près de 12 milliards d’euros. Régulièrement, les journaux indiquent que cette signature est proche.

L’air indien, une mélodie bien connue

En début de semaine, c’est la visite du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian en Inde qui a remis le sujet sur le devant de la scène. Il y a six mois, c’était Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères, qui s’y collait. Dans les deux cas, ils font la même promesse d’un dénouement rapide.

Comme l’arrivée de la neige en hiver, la vente potentielle du Rafale est un classique de la presse française : il y a deux semaines, on s’interrogeait sur la possibilité que le Rafale « atterrisse » un jour en Égypte, pour reprendre le titre le plus en vogue. Il y a deux mois, c’était la vente de 36 appareils au Qatar qui était évoquée. Dans tous les cas, les articles sur le sujet rappellent ceux publiés depuis plus de dix ans. La signature est quasiment certaine, l’avion français étant le meilleur sur le papier et le favori des forces armées locales. Toutefois, les négociations sont complexes et quelques petits détails restent encore à régler…

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Le Rafale, l’avion le plus polyvalent au monde, pourtant, personne n’en veut…

Ils concernent par exemple les transferts de technologies ou la production des avions sur place : ce fût un point de blocage au Brésil, c’est aujourd’hui au cœur du dossier indien, puisque seulement 18 des 126 appareils commandés devraient être montés en France. L’Inde, via le groupe public Hindustan Aeronautics Limited (HAL), « possédera la technologie complète et la licence pour fabriquer des appareils supplémentaires qui, en outre, pourraient être exportés« , a souligné Jean-Yves Le Drian.

Exportés ? Si vous trouvez ça bizarre, cliquez ici

Derrière ces éléments de négociation « officiels » comme le transfert de technologies ou encore la prise en charge des risques, s’en cachent d’autres, moins avouables.

Les rétro-commissions, la face cachée des négociations…

Ces conditions en apparence défavorables témoignent des contraintes qui pèsent sur le dossier Rafale. Plus il se vend mal, plus on est tenté de faire des concessions et de casser les prix, en espérant déclencher un effet « boule de neige ».

Des concessions de plus en plus grandes pour vendre le Rafale

En effet, le Rafale a déjà coûté la bagatelle de 43 milliards d’euros, en grande partie financés par le pays puisque notre armée en est l’unique acheteur. Jusqu’en 2019, Dassault devrait produire 66 Rafales, dont seulement 26 pour l’armée française. Mais si les 40 autres ne se vendent pas, c’est la France qui payera l’addition. Elle s’élève à environ 4 milliards d’euros.

Devant ces investissements massifs et la nécessité d’entretenir l’un des fleurons du savoir-faire technologique français, le fait de vendre coûte que coûte, et cela malgré quelques concessions à notre désavantage, peut se comprendre.

D’autant plus que le temps presse, avec l’arrivée de concurrents comme les F-22 et  F-35 américains et d’autres avions de nouvelle génération. Mais le problème, c’est qu’il n’y a aucune explication logique à ces échecs successifs, hormis une, sur laquelle je reviendrais plus tard.

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Avec un armement capable de faire face à toutes les situations, le Rafale est l’un des rois du ciel

En effet, la France dispose avec le Rafale d’un des meilleurs avions au monde sur le plan technologique et stratégique, ainsi que de sérieux arguments commerciaux.

L’excellence n’est pas toujours récompensée

Sans trop rentrer dans les détails, le Rafale est un avion multi-rôles : il peut intercepter ou escorter d’autres avions, effectuer des bombardements au sol, y compris des frappes nucléaires, faire de la reconnaissance, et opérer à la fois depuis une base aérienne ou un porte-avion. C’est l’un des seuls au monde à faire tout ça.

En achetant des Rafales, une armée aérienne n’a pas besoin d’entretenir une flotte d’avions spécialisés. De plus, l’armée française multiplie les opérations en théâtres extérieurs (Afghanistan, Libye, Mali, Irak), soit autant d’occasions de prouver l’efficacité de nos appareils. En comparaison, le F-22 vient à peine de connaître son baptême du feu et le F-35 n’est encore qu’un projet à problèmes.

Bref, que ce soit en matière de qualité et d’usage par rapport au prix, le Rafale « survole » la concurrence.

Le Rafale, au-dessus de ses concurrents ?

Alors comment expliquer que ses concurrents trouvent preneurs, même le F-35 ?

Le problème de la France, c’est son manque d’agressivité commerciale, politique et culturelle.

Le problème n’est pas le Rafale

Au Maroc, alors que la France était logiquement favorite, les Américains ont profité de notre molesse pour proposer des F-16 à prix cassé (le F-16 est déjà rentabilisé, ils peuvent se le permettre) et un important programme d’alphabétisation des campagnes… Ils n’hésitent pas à sortir le chéquier pour alimenter leur lobbying. C’est aussi ça le « soft power ».

Face aux pressions, la France manque souvent de répondant. Le cas du porte-hélicoptère Mistral « Vladivostok », non livré à la Russie, en est un exemple.

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Le F-15 américain nous a mis un beau « scud » en Corée du Sud

Nos « alliés » n’ont souvent aucun scrupule à torpiller le dossier français quand celui-ci est favori. En Corée du Sud, quand le Rafale remportait l’adhésion des autorités face au F-15, George W. Bush a simplement rappelé à Séoul l’importance des forces US dans le dispositif de dissuasion face à la Corée du Nord…

Les États-Unis ont noué des liens très forts avec de nombreux pays depuis un demi-siècle : ils ont ainsi entraîné dans la conception du F-35 de nombreux pays alliés, comme le Royaume-Uni, le Canada ou encore Israël, soit autant de débouchés, malgré les défauts évidents du projet.

Le Rafale pourrait de son côté se baser sur le succès des Mirages de Dassault, qui se sont vendus à plus de 2000 exemplaires dans le monde. Mais la France n’arrive pas à fidéliser sa clientèle. Manque de lobbying, d’investissements annexes et de « vice » donc, mais aussi manque flagrant de discernement politique.

On ne reviendra pas sur le flop marocain, mais on peut mettre en avant leurs pendants suisse et brésilien, où le Gripen suèdois, pourtant largement inférieur, a finalement été sélectionné. En Suisse, le Rafale tenait la corde jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy attaque le pays sur son statut de paradis fiscal. Idem au Brésil, jusqu’à ce que la France ne soutienne pas Brasilia sur le dossier du nucléaire iranien. Ces « inélégances » n’expliquent pas tout, mais jouent tout de même contre Dassault.

Face aux problèmes rencontrés, l’avionneur et les ministères concernés ont mis en place un organe de collaboration qui permet dorénavant de parler d’une seule voix lorsqu’il s’agit de vendre le Rafale et de prendre en considération à la fois l’aspect commercial et politique d’une négociation.

Attendons de voir si cela se concrétisera enfin par un atterrissage réussi en Inde ou au Qatar.

Crédit photo : Flickr / Wikimédia, Brian Mullender, Ricardo J. Reyes, Dassault, USAF

Le mouvement opposé à la construction du barrage de Sivens depuis cet été vient de connaitre sa première victime, le samedi 25 octobre, vraisemblablement au cours d’affrontements avec la police.

Vice News était aux côtés des manifestants début octobre, dans une ambiance digne de Notre-Dame des Landes. Les manifestants s’opposent à la construction d’un barrage décidée par le conseil général du Tarn et qui devrait profiter à une poignée d’exploitants agricoles. Ils mettent en avant le coût élevé du projet et le fait qu’une zone importante pour la biodiversité soit ratiboisée.

Les tensions sont exacerbées depuis le 1er septembre et le début de l’opération de déboisement qui n’a jamais cessé malgré les recours administratifs déposés par les groupes de défense.

Pour une fois, on va plutôt défendre un politique !

Après Montebourg et Thévenoud, un autre ministre fait des remous. Mais à la différence de nos deux autres amis, on ne va pas cette fois enfoncer Emmanuel Macron.

Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, le ministre de l’Économie a légèrement dérapé ce matin à l’antenne d’Europe 1 en évoquant le cas des salariés de l’abattoir breton Gad, dont les 850 emplois sont menacés : « il y a dans cet abattoir une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées ! On leur explique qu’elles n’ont plus d’avenir à Gad et qu’elles doivent aller travailler à 60 km ! Ces gens n’ont pas le permis ! On va leur dire quoi ? Il faut payer 1.500 euros et attendre un an ? Voilà, ça ce sont des réformes du quotidien, qui créent de la mobilité, de l’activité ! »

En évoquant la réforme du permis de conduire sur laquelle planche le gouvernement, le ministre prend l’exemple de salariées qui sont handicapées par le fait de ne pas savoir lire et ne peuvent donc pas passer le permis. Pour sa première interview, il est vrai que cette phrase est assez mal tournée : apparemment, le beaucoup est de trop. Mais il y en a un peu : selon Europe1, 20% des salariés de Gad étaient illettrés en 2013.  Si Macron prend cet exemple, c’est bien que quelqu’un a évoqué ce problème avec lui.

« Mal-lisant » ou « Non-lisant », c’est mieux là ?

Il dit quelque chose de totalement sensé et met en avant un problème concret. C’est trop dur à comprendre pour ces Français tellement habitués à la langue de bois, qu’ils s’étouffent au premier mot « offensant » ? Il existe peut-être un mot à la con pour remplacer illettré, un « non-lisant » ou un « mal-lisant », dans la lignée des termes qui ont remplacé sourd ou aveugle. Heureusement, Macron, qui est quand même marié avec sa prof de français, n’en est pas à ce point là !

Bref. Puisque le moindre écart doit devenir une affaire, tout le monde a occulté la problématique du permis de conduire pour se concentrer sur le « mépris » et la « suffisance » de Macron. Sur Twitter, il suffit de taper les mots clefs de l’affaire pour voir des tweets hallucinants, appelant même parfois le ministre à démissionner. Je pense que beaucoup de gens qui écrivent sont -mal- politisés : militants, cadres d’un parti ou même élus. Franchement, ça fait vraiment flipper sur l’état de notre pays.

 

Des polémiques inutiles occultent les sujets importants. Au lieu de parler de Cambadélis, les gens ne parlent que de ça. Et au lieu de se concentrer sur son job*, le ministre a été contraint de présenter ses « excuses les plus plates » devant l’Assemblée lors des questions au gouvernement : « Je prenais cet exemple précisément parce qu’il est une injustice exemplaire, parce que précisément cet exemple de Gad concerne ici plusieurs députés qui se sont battus. »

2,5 millions d’illettrés en France !

Très propre et très classe, même si j’aurais préféré qu’il ne s’excuse pas.

Car avec 2,5 millions d’illettrés en France selon l’INSEE, le ministre n’a pas à s’excuser. Derrière les 20% de Gad, se cache les 7 % de la population (de 18 à 65 ans et scolarisée en France) qui sont en situation d’illettrisme. Soit seulement deux points de moins qu’il y a dix ans. 51% des personnes en situation d’illettrisme ont un emploi. C’est pour ces chiffres et non pas pour un mot qu’il faut s’alarmer !

L’illettrisme, pour ceux qui l’ont oublié, était la grande cause nationale 2013. Alors ceux qui parlent de mépris et du fait qu’Emmanuel Macron ne connaît pas la réalité du terrain devraient y penser à deux fois avant de la ramener : quand on fait une interprétation aussi éloignée de la réalité, c’est aussi une autre forme d’illettrisme.

* Macron recevait aujourd’hui les huissiers, dans le cadre de la réforme des métiers réglementés. C’est d’ailleurs ce sujet qui l’amène à évoquer ce matin le permis de conduire à 7mn50 dans la vidéo ci-dessus.

Parfois, je me demande si tout cela n’est pas qu’une énorme blague. Un complot monté par un obscur magnat des médias pour attirer l’audience et la publicité, façon Demain ne meurt jamais. C’est tellement gros qu’on a l’impression que des scénaristes de télé-réalité sont à l’oeuvre. Tellement pathétique, que les principaux protagonistes sont des mauvais acteurs de Série B.

Ensuite, je suis bien obligé de revenir à la triste réalité : non, ce n’est pas un rêve, c’est bien la classe politique française. Et cette fois, elle a trouvé une magnifique tête d’affiche.

Après le comédien Montebourg, voici le magicien Thévenoud

Il a le visage poupin et sa candeur doit sans doute en attendrir plus d’un parmi ces vieux roublards de politiciens. Qu’il ne paye pas ses impôts pendant trois ans et qu’il accepte ensuite un poste au gouvernement, en soit, c’était déjà bien marrant.

 

Mais quand on apprend grâce au Canard enchaîné qu’il oubliait aussi, sur le même période, de payer son loyer, puis grâce au Parisien, ses pv, on ne peut qu’applaudir la maestria du type.

Mais mieux ! Quand le squatteur se défend en invoquant une « phobie administrative », on touche du doigt le génie !

 

Là, vous vous dites sans doute : « mais qui est cet homme ? Il a perdu un pari ? Quels sont ses secrets ? Qu’on me le dégage fissa de l’Assemblée où il s’obstine à siéger pour lui faire entamer un tour de France des redressés fiscaux, à qui il pourra donner quelques conseils ! »

Et bien non, le mec va bel et bien continuer à être député et rejoindre un Balkany ou un Guérini au panthéon des « escrocs » de la République.

De quoi attirer la jalousie de notre cher Jérôme Cahuzac, qui lui aussi avait eu du mal à quitter le lustre de la politique : « Nos cas ne sont pas similaires. Moi, j’avais une chance que mon histoire ne soit jamais connue » a-t-il regretté auprès du Canard enchaîné…

Après le one man show de Thévenoud, je ne sais plus s’il vaut mieux en rire ou en pleurer.

Plus sérieusement, on pourrait souhaiter à Thomas Thévenoud de garder son poste, au moins pour qu’il puisse continuer le travail débuté depuis deux ans en tant que député. Ou alors vis-à-vis de sa famille, sa femme, chef de cabinet du président du Sénat, ayant été mise sur la touche.

Mais ce serait insultant pour tous les autres élus honnêtes qui voient leur crédibilité, par la faute de ce rigolo, remise une fois de plus en question.

L’abolissement des privilèges est l’une des bases sur laquelle notre démocratie a été imaginée il y a plus de deux siècles. Comment justifier le fait que, trop souvent, nos hommes politiques bénéficient d’un traitement particulier ?

 

Source photo : Wikipédia

Montebourg, Thévenoud, Trierweiler… Depuis la rentrée politique, chaque semaine est marquée par une nouvelle « affaire ». Si bien que la situation du chef de l’État rappelle l’intrigue du film Lucy, la dernière fiction de Luc Besson. Mais à l’envers : que va-t-il arriver lorsqu’il aura atteint le 0% ?

Un triple mensonge

Pour l’instant, la côte de popularité de François Hollande est de 13% : un record d’impopularité pour un président en activité. Deux points de moins, et sa courbe croisera celle du chômage. Dix et…

Bref.

Montebourg, c’est le mensonge politique. Le gouvernement de gauche fait une politique économique de droite. Au mieux, de centre-droit. L’électorat de gauche rompt avec celui qu’il a élu, car il ne l’a pas élu pour ça. Sinon, les Socialistes auraient directement désigné Valls lors de la primaire.

Thévenoud, c’est le mensonge électoral. Hollande a été élu contre Sarkozy, en promettant une présidence « normale », loin des magouilles et autres passe-droits qui caractérisent dans l’imaginaire collectif la vie politique. Or, l’un des chantres de l’exemplarité des élus, qui demandait « à chaque citoyen de contribuer au modèle social », oubliait de payer ses impôts depuis quelques années. Tous les journalistes se questionnent : comment est-il devenu ministre ? La vraie question est : comment a-t-il pu rester député pendant deux ans ?

Enfin, Trierweiler, c’est le mensonge privé, conjugal. Celui qui, plus que l’économie ou la politique, parle sans doute le plus aux Français… Pas besoin de s’éterniser sur le livre. On savait déjà que notre président avait une vie sentimentale trépidante. Pas besoin d’en connaître l’intimité. De la part d’une femme qui a représenté le pays à ses côtés pendant deux ans, on ne peut être que déçu.

Le président apparaît comme l’homme des mensonges ; l’homme des promesses non tenues : lutte contre le chômage et la finance, exemplarité politique, « normalité » dans la vie privée ; l’homme qui est dans l’impasse.

 

Hollande est dans un cul de sac, mais ce n’est pas que de sa faute

Alors que sa côte de popularité touche le fond, faisant de lui le président le moins apprécié de la Ve République, François Hollande a peu de marge de manœuvre.

Maintenant qu’il vient de déterminer un cap économique après deux ans de flottement, il ne peut pas faire marche arrière pour satisfaire l’aile gauche du PS. Il y perdrait le peu de crédibilité qu’il lui reste. Il ne peut que faire confiance à Valls et croiser les doigts pour que la situation s’améliore.

Tout en espérant que son entourage se tienne tranquille.

Car plus 2017 approche, plus il y aura des Montebourg-bis pour quitter le navire. Selon un récent sondage de l’Ifop pour le Journal du dimanche, 85% des Français ne souhaitent pas voir l’actuel président briguer un second mandat en 2017. De quoi créer des vocations au sein du PS.

Le cas Thévenoud est lui aussi problématique. En s’obstinant à vouloir retourner à l’Assemblée, il n’arrange rien. Les choses sont pourtant simples : soit il savait et il est fraudeur. Soit il ne savait pas et il est incompétent. Dans les deux cas, c’est l’ensemble du gouvernement qui est touché dans l’esprit des Français.

Pour Trierweiler aussi, Hollande n’y peut rien. Classe, humour fin et sex appeal : voilà ses atouts naturels. De quoi faire des jaloux et accélérer sa chute dans les sondages.

Bien sûr, le 0% est illusoire. Mais entre 13 et 0%, quelle différence ? Un pays démocratique peut-il être dirigé par un homme qui fait l’unanimité contre lui ? C’est la rhétorique qu’utilise le Front National pour appeler à une dissolution de l’Assemblée. Pour l’instant, 23% des Français y sont favorables selon l’Ifop.

 

La cohabitation, une solution ?

Excepté le risque frontiste, la cohabitation peut-être une solution pour François Hollande.

La logique voudrait que la nouvelle politique de l’exécutif s’appuie sur une nouvelle majorité parlementaire. Exit les frondeurs de l’aile gauche du PS qui rejoindraient le Front de gauche et les écologistes. La majorité devrait trouver de nouveaux alliés du côté du centre, voire de la droite républicaine. Un tel scénario a peu de chance de se réaliser, étant donné l’antagonisme qui règne entre les partis, plus préoccupés à se taper dessus qu’à contribuer ensemble à l’avenir du pays.

Pourtant, un président «de gauche» et une majorité «de droite» pourraient être une solution cohérente. «Les institutions européennes, les marchés financiers et les agences de notation n’y verraient rien à redire, tant la démarche du « pacte de responsabilité » s’en trouverait confortée», avouait même le politologue Jérôme Sainte-Marie après le désastre des européennes, alors qu’une cohabitation était déjà évoquée.

De plus, cette solution favoriserait François Hollande pour 2017, un gouvernement de droite ayant toutes les chances d’être victime du goût manifeste des Français pour l’alternance. Depuis le général de Gaulle, aucun président de la République n’a enchaîné deux mandats avec une majorité parlementaire de son bord. Valéry Giscard d’Estaing en 1981 et Nicolas Sarkozy en 2012 ont été battus. François Mitterrand en 1988 et Jacques Chirac en 2002 ont conservé leur poste après une période de cohabitation.

Deux ans après, regrette-t-il son slogan ?
Deux ans après, regrette-t-il son slogan ?

Le problème est plus profond

Mais changer l’homme à la tête du pays ou changer de premier ministre via la dissolution de l’Assemblée nationale ne changerait rien.

Un autre ne ferait pas mieux. Car c’est la politique elle-même qui est en question

Devant l’uniformisation des programmes entre partis politiques, ce sont les personnalités qui prennent le dessus. Et quand ces personnalités font de la politique un job, que les promesses électorales sonnent comme autant de lignes falsifiées sur un CV, quelle n’est pas la désillusion du patron !

Malheureusement, ce sont les personnalités politiques et non plus les idées politiques qui occupent aujourd’hui le terrain médiatique.

Il faut faire émerger une nouvelle classe politique, plus éphémère et donc plus concentrée sur le fait d’appliquer et faire marcher ses idées pour perdurer. Il y a bien assez de gens intelligents en France pour qu’on arrête de se taper toujours les mêmes politiques depuis 30 ans ?

Pour survivre, la classe politique doit changer. Se placer loin du lobbying, loin des arrangements entre amis et loin des intérêts personnels qu’elle semble privilégier aujourd’hui. Sinon, la France risque d’enchaîner les 0% à sa tête.

Provocation ? Non... C'est pas son genre !

Un délice de double sens se trouve au milieu des propos échangés mercredi à Bercy lors de la passation de pouvoir entre Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron, le nouveau locataire des lieux.

« Il faut savoir quitter la scène quand on ne sait pas jouer plus longtemps la comédie »

En prononçant cette phrase, Arnaud Montebourg quitte son costume de ministre de l’Économie, du Redressement Productif et du Numérique, tout en donnant le bâton pour se faire battre : après deux ans au gouvernement, son bilan tient en effet plus de la fiction que du réel et à défaut d’avoir été le sauveur de l’économie nationale, il sera pour longtemps l’auteur de plusieurs répliques cultes.

En extase devant le miracle industriel français.
Dr Montebourg au chevet de notre industrie

Chargé de stopper les fermetures d’usines, de relancer la production et de redynamiser l’industrie française, il laisse un bilan mitigé. Malgré quelques succès notoires, comme l’usine PSA d’Aulnay-sous-bois, 263 usines ont fermé l’an passé, soit seulement quatre de moins qu’en 2012. Pendant son passage à Bercy, il y a eu 296 créations d’usines pour 639 fermetures… La production industrielle a quant à elle diminué de 2% entre l’été 2013 et l’été 2014.

En constante représentation, le « comédien » a toutefois, par ses opérations de communication, redynamisé une industrie vieillissante. Derrière l’homme en marinière Armor Lux et robot-mixeur Moulinex à la main se cache par exemple l’initiateur de la Nouvelle France industrielle et ses projets d’avenir : développement d’un nouveau TGV, de la biotechnologie médicale ou des matériaux verts et organisation de shows qui présentaient à Bercy des innovations bien de chez nous. Arnaud Montebourg incarnera pendant longtemps l’esprit du « Made in France ».

La fameuse classe française
 Cocorico 

Quitte à parfois effrayer nos partenaires étrangers. Sa proposition de nationaliser temporairement Florange ou son opposition au rachat de Dailymotion par Yahoo! ont marqué clairement le retour de l’État interventionniste. Même refrain lors de la publication au printemps du décret Alstom, qui élargit le droit de veto de l’État sur les investissements étrangers visant les secteurs stratégiques français. Les libéraux s’en sont étranglés ; Florange est toujours à l’agonie ; Dailymotion est encore à la recherche de financements pour grandir et General Electric a finalement acheté Alstom. Pire, pour garder la face, l’ex-ministre a poussé l’État à entrer au capital d’Alstom. Une opération que les contribuables ont été obligés de payer au prix fort en rachetant les actions de Bouygues…

Mais le ministre n’en était pas à sa première intervention choc. C’est même au travers de ses punchlines qu’il a forgé son personnage.

La dernière en date, à l’encontre de la politique économique de François Hollande, lui a coûté son poste. Mais les plus marquantes visent le président directement : « il ment tout le temps » confiait Arnaud Montebourg au journaliste Valentin Spitz, auteur d’un livre à paraître le 10 septembre prochain sur l’ex-ministre. « Tu vas couler avec Hollande » aurait-il asséné à Manuel Valls le weekend dernier, lors d’un dernier entretien décisif. Une animosité qui ne date pas d’hier : « Ségolène Royal n’a qu’un seul défaut. C’est son compagnon » disait-il déjà en 2006, alors qu’il était porte-parole de la candidate malheureuse à l’élection présidentielle.

Il se permet même de marcher devant lui
Il se permet même de marcher devant lui

Sur le plan politique, la prise de position du weekend dernier n’était pas la première allant à l’encontre du cap général fixé par le président et les socialistes : sur le plan énergétique par exemple, il n’a pas hésité à qualifier le nucléaire de « filière d’avenir » et a pris position en faveur de la recherche d’un moyen d’exploitation du gaz de schiste non-polluant.

Arnaud Montebourg cultive son image de grande gueule sincère qui sait manier la provocation, allant jusqu’à estimer être « beaucoup plus socialiste que les socialistes ». « Je suis tout à fait net avec ça. Pourquoi partirais-je ? C’est à eux de s’améliorer » allait-il même dire à Valentin Spitz. La sincérité, il la conseillait d’ailleurs à Emmanuel Macron comme « meilleure arme politique ». Mais cette dernière peut se retourner contre vous.

Grand acteur, Arnaud Montebourg est aussi à son aise lorsqu’il s’agit de bluffer. Malheureusement, cela ne passe pas toujours inaperçu. Au printemps 2013, au moment de tirer un premier bilan de son action, il travestissait sans sourciller la vérité.

Parlant de 85% des emplois menacés sauvés depuis 2012, il omettait de dire que ces chiffres ne concernaient que les dossiers effectivement traités par ses services. Si 65 000 emplois ont été épargnés, le ministre tire sa statistique d’un total de 76 000 emplois menacés, alors qu’ils étaient en réalité 260 000 ! De 85%, on passe à 25%…

Petit filou.

Vacances en famille
Vacances en famille

Alors, avant que son rôle de ministre sans résultat ne lui colle trop à la peau, Arnaud Montebourg a préféré quitter la scène. Pourtant, l’ex-ministre se voit déjà dans un nouveau rôle : « Je vais prendre exemple sur Cincinnatus, qui préféra quitter le pouvoir pour retourner à ses champs et à ses charrues. Je vais retourner travailler avec les Français » déclarait-il lors de la passation de pouvoir. La référence au général romain légendaire du Ve siècle avant J.-C, redevenu fermier par dégoût de la politique et rappelé par le peuple tel un héros en temps de crise n’est pas anodine

Parti pour cultiver dans l’ombre son prochain rôle de présidentiable en 2017, il était temps pour Arnaud Montebourg de tirer le rideau. La comédie a assez duré.

 

Pour un bilan détaillé de l’action d’Arnaud Montebourg, c’est ici.

Source photo : Flickr / PS – Le Parisien Magazine