Pour de nombreux journalistes, la menace invisible du virus Ebola et bien plus effrayante que les détonations qui se font entendre en Syrie et en Irak. 

Pour de nombreux journalistes, la menace invisible du virus Ebola et bien plus effrayante que les détonations qui se font entendre en Syrie et en Irak.

Selon Claire Hedon, journaliste de RFI citée par l’AFP, il est plus simple de trouver des journalistes pour couvrir les événements dans ces zones ou même en République Centrafricaine, où la guerre civile est latente, que d’aller dans les pays touchés par le virus.

Comme le personnel médical et les travailleurs humanitaires, les journalistes doivent aller au plus près des malades pour faire correctement leur travail. Ils doivent donc prendre des précautions éprouvantes (enfiler une tenue de protection, se laver régulièrement…) sous peine de contracter le virus.

Le personnel médical paye un lourd tribut à la lutte contre la maladie. Les journalistes ne sont pas immunisés. Pour l’instant, un seul journaliste occidental a été contaminé, l’Américain Ashoka Mukpo, pigiste pour NBC.

Pour Sofia Bouderbala, rédactrice en chef adjoint pour l’Afrique de l’AFP, il s’agit d’une menace invisible : « dans les zones de guerre, vous pouvez voir les obus tomber. »

Pourtant, certains journalistes tentent l’aventure

Mais ils doivent garder leur distance : « la règle de base est de ne rien toucher. Pendant deux semaines c’est assez bizarre » raconte Marc Bastian, journaliste de l’AFP à Monrovia. « Nous pulvérisions nos chaussures avec de l’eau de Javel et nous lavions nos mains de 40 à 50 fois par jour. Les photographes utilisent des téléobjectifs pour photographier les malades et une fois j’ai fait une interview avec quelqu’un qui était huit mètres en hurlant. »

Ces difficultés sont illustrées dans ce reportage de Vice News à Monrovia le mois dernier où le reporter hésite à parler directement aux malades.

Pour les journalistes radio, l’exercice est aussi périlleux. Yves Rocle, responsable de RFI pour l’Afrique, avoue que ses équipes utilisent un dispositif spécial pour obtenir du son. « J’ai moi-même interrogé des malades à deux mètres d’écart, où il est considéré qu’on ne peut pas être touché par la salive », ajoute Claire Hedon, qui admet que la moindre erreur peut être fatale. « Pour être honnête, vous baissez votre garde. À la fin j’ai même serré des mains. »

Mais les risques de s’arrête pas à la fin de la mission

En rentrant chez eux, les journalistes doivent faire face à la peur de leurs collègues et de leur famille, du moins jusqu’à la fin de la période d’incubation, lorsqu’on est certain que les symptômes ne se déclareront plus. C’est une période très solitaire et très stressante pour les journalistes.

« Vous prenez votre température tous les jours et vous vous inquiétez à la moindre alerte » avoue Guillaume Lhotellier, journaliste pour la société de production Elephant. « Votre vie sociale n’est pas très grande, il y a des gens qui refusent même de vous serrer la main. »

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Les médias hésitent quant à la politique à adopter avec leur personnel. Certains laissent leurs journalistes travailler dès leur retour, comme la BBC ou l’AFP, qui mettent en avant leurs protocoles de protection sur le terrain. D’autres préfèrent adopter des mesures de quarantaine, comme l’agence AP, qui demande à ses journalistes de rester trois semaines à la maison.

Des mesures que tous ne supportent pas, à la façon de Nancy Snyderman, journaliste de NBC, vue en ville alors qu’elle était supposée être en quarantaine.

Source : Flickr / Jean Francois Monnet

Journaliste, diplômé en économie et en histoire, j'ai fait mes classes au service sport du quotidien La Marseillaise avant de tomber dans le Web et l'actualité du numérique. Avec Snackable, je vais essayer de vous faire partager ce qui me passionne ou m'interpelle.

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