Montebourg, Thévenoud, Trierweiler… Depuis la rentrée politique, chaque semaine est marquée par une nouvelle « affaire ». Si bien que la situation du chef de l’État rappelle l’intrigue du film Lucy, la dernière fiction de Luc Besson. Mais à l’envers : que va-t-il arriver lorsqu’il aura atteint le 0% ?

Un triple mensonge

Pour l’instant, la côte de popularité de François Hollande est de 13% : un record d’impopularité pour un président en activité. Deux points de moins, et sa courbe croisera celle du chômage. Dix et…

Bref.

Montebourg, c’est le mensonge politique. Le gouvernement de gauche fait une politique économique de droite. Au mieux, de centre-droit. L’électorat de gauche rompt avec celui qu’il a élu, car il ne l’a pas élu pour ça. Sinon, les Socialistes auraient directement désigné Valls lors de la primaire.

Thévenoud, c’est le mensonge électoral. Hollande a été élu contre Sarkozy, en promettant une présidence « normale », loin des magouilles et autres passe-droits qui caractérisent dans l’imaginaire collectif la vie politique. Or, l’un des chantres de l’exemplarité des élus, qui demandait « à chaque citoyen de contribuer au modèle social », oubliait de payer ses impôts depuis quelques années. Tous les journalistes se questionnent : comment est-il devenu ministre ? La vraie question est : comment a-t-il pu rester député pendant deux ans ?

Enfin, Trierweiler, c’est le mensonge privé, conjugal. Celui qui, plus que l’économie ou la politique, parle sans doute le plus aux Français… Pas besoin de s’éterniser sur le livre. On savait déjà que notre président avait une vie sentimentale trépidante. Pas besoin d’en connaître l’intimité. De la part d’une femme qui a représenté le pays à ses côtés pendant deux ans, on ne peut être que déçu.

Le président apparaît comme l’homme des mensonges ; l’homme des promesses non tenues : lutte contre le chômage et la finance, exemplarité politique, « normalité » dans la vie privée ; l’homme qui est dans l’impasse.

 

Hollande est dans un cul de sac, mais ce n’est pas que de sa faute

Alors que sa côte de popularité touche le fond, faisant de lui le président le moins apprécié de la Ve République, François Hollande a peu de marge de manœuvre.

Maintenant qu’il vient de déterminer un cap économique après deux ans de flottement, il ne peut pas faire marche arrière pour satisfaire l’aile gauche du PS. Il y perdrait le peu de crédibilité qu’il lui reste. Il ne peut que faire confiance à Valls et croiser les doigts pour que la situation s’améliore.

Tout en espérant que son entourage se tienne tranquille.

Car plus 2017 approche, plus il y aura des Montebourg-bis pour quitter le navire. Selon un récent sondage de l’Ifop pour le Journal du dimanche, 85% des Français ne souhaitent pas voir l’actuel président briguer un second mandat en 2017. De quoi créer des vocations au sein du PS.

Le cas Thévenoud est lui aussi problématique. En s’obstinant à vouloir retourner à l’Assemblée, il n’arrange rien. Les choses sont pourtant simples : soit il savait et il est fraudeur. Soit il ne savait pas et il est incompétent. Dans les deux cas, c’est l’ensemble du gouvernement qui est touché dans l’esprit des Français.

Pour Trierweiler aussi, Hollande n’y peut rien. Classe, humour fin et sex appeal : voilà ses atouts naturels. De quoi faire des jaloux et accélérer sa chute dans les sondages.

Bien sûr, le 0% est illusoire. Mais entre 13 et 0%, quelle différence ? Un pays démocratique peut-il être dirigé par un homme qui fait l’unanimité contre lui ? C’est la rhétorique qu’utilise le Front National pour appeler à une dissolution de l’Assemblée. Pour l’instant, 23% des Français y sont favorables selon l’Ifop.

 

La cohabitation, une solution ?

Excepté le risque frontiste, la cohabitation peut-être une solution pour François Hollande.

La logique voudrait que la nouvelle politique de l’exécutif s’appuie sur une nouvelle majorité parlementaire. Exit les frondeurs de l’aile gauche du PS qui rejoindraient le Front de gauche et les écologistes. La majorité devrait trouver de nouveaux alliés du côté du centre, voire de la droite républicaine. Un tel scénario a peu de chance de se réaliser, étant donné l’antagonisme qui règne entre les partis, plus préoccupés à se taper dessus qu’à contribuer ensemble à l’avenir du pays.

Pourtant, un président «de gauche» et une majorité «de droite» pourraient être une solution cohérente. «Les institutions européennes, les marchés financiers et les agences de notation n’y verraient rien à redire, tant la démarche du « pacte de responsabilité » s’en trouverait confortée», avouait même le politologue Jérôme Sainte-Marie après le désastre des européennes, alors qu’une cohabitation était déjà évoquée.

De plus, cette solution favoriserait François Hollande pour 2017, un gouvernement de droite ayant toutes les chances d’être victime du goût manifeste des Français pour l’alternance. Depuis le général de Gaulle, aucun président de la République n’a enchaîné deux mandats avec une majorité parlementaire de son bord. Valéry Giscard d’Estaing en 1981 et Nicolas Sarkozy en 2012 ont été battus. François Mitterrand en 1988 et Jacques Chirac en 2002 ont conservé leur poste après une période de cohabitation.

Deux ans après, regrette-t-il son slogan ?
Deux ans après, regrette-t-il son slogan ?

Le problème est plus profond

Mais changer l’homme à la tête du pays ou changer de premier ministre via la dissolution de l’Assemblée nationale ne changerait rien.

Un autre ne ferait pas mieux. Car c’est la politique elle-même qui est en question

Devant l’uniformisation des programmes entre partis politiques, ce sont les personnalités qui prennent le dessus. Et quand ces personnalités font de la politique un job, que les promesses électorales sonnent comme autant de lignes falsifiées sur un CV, quelle n’est pas la désillusion du patron !

Malheureusement, ce sont les personnalités politiques et non plus les idées politiques qui occupent aujourd’hui le terrain médiatique.

Il faut faire émerger une nouvelle classe politique, plus éphémère et donc plus concentrée sur le fait d’appliquer et faire marcher ses idées pour perdurer. Il y a bien assez de gens intelligents en France pour qu’on arrête de se taper toujours les mêmes politiques depuis 30 ans ?

Pour survivre, la classe politique doit changer. Se placer loin du lobbying, loin des arrangements entre amis et loin des intérêts personnels qu’elle semble privilégier aujourd’hui. Sinon, la France risque d’enchaîner les 0% à sa tête.

Journaliste, diplômé en économie et en histoire, j'ai fait mes classes au service sport du quotidien La Marseillaise avant de tomber dans le Web et l'actualité du numérique. Avec Snackable, je vais essayer de vous faire partager ce qui me passionne ou m'interpelle.

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