Un petit billet pour commémorer le centenaire de la première révolution russe en février 1917, dont je ne parle que maintenant puisque à l’époque, février en Russie, c’était mars dans le reste du monde. La première sans compter celle de 1905, mais pas la dernière puisque quelques mois plus tard, les bolcheviks, représentant les ouvriers grévistes et soldats mutinés qui ont fait tomber le Tsar Nicolas II le 15 mars 1917, prennent le pas sur les bourgeois qui l’avaient remplacé au pouvoir.
C’est pas facile hein ? Je vous invite à approfondir de votre côté, mais s’il fallait retenir une chose de cette journée, c’est qu’on chantait sur l’air de La Marseillaise dans les rues. Ce 15 mars, les commémorations ne devraient pas être nombreuses, et encore moins en Russie ou l’idée d’une révolution démocratique a de quoi crisper. Entendre La Marseillaise en russe, surtout aujourd’hui, doit nous rappeler qu’au-delà du Kremlin, nous avons beaucoup en commun.
Chaque année, juste avant l’été, dans la petite ville de Clisson en Loire-Atlantique se déroule un événement particulier :
Ce que vous voyez, c’est 150 000 personnes venues écouter du métal pendant 3 jours pour le festival Hellfest.
Parce que plein de gens aiment écouter du métal et cela peut sembler bizarre parce que pour la majorité d’entre vous, votre expérience du métal doit plutôt s’apparenter à celle des deux personnes sur la droite :
Mais comment font-ils pour aimer ça ?
Alors on pourrait se dire que ces gens qui écoutent du métal sont juste des mecs bizarres, avec leur cheveux longs et leur habits noirs et que cela ne vaut juste pas la peine de les comprendre. Mais le truc c’est que derrière leur apparence bizarre se cachent bien souvent des êtres humains normaux et fréquentables. Pire encore beaucoup de metalleux ne ressemblent pas à des métalleux, eh oui, j’en suis d’ailleurs un bon exemple, j’ai les cheveux courts, aucuns piercings, je ne m’habille jamais en noir (c’est triste et puis ça va avec rien) et pire encore, j’ai fait une école de commerce.
Je ne compte pas le nombre de personnes qui ont été au mieux étonnées (au pire, méprisantes) lorsqu’elles ont appris qu’écouter du Opeth ou du Gojira régulièrement était une activité nécessaire à mon bien-être personnel.
Alors comment peut-on trouver quelque chose d’agréable et d’appréciable dans le métal parce que c’est vrai que ça peut être extrêmement troublant quand on ne connaît pas. Ne vous en faites pas, je vais vous expliquer, parce que vous n’avez jamais envie de devenir ce gros con fermé d’esprit qui dit des trucs comme « le métal ? C’est du bruit, pas de la musique. »
Le métal, c’est comme le surf
Voici une jolie métaphore pour que vous compreniez à la base ce qu’il y a d’intéressant dans le métal. Bon, j’ai jamais fait de surf mais je crois un peu comprendre le principe de base.
Pour surfer sur de l’eau, vous avez besoin d’énergie. Cette énergie c’est la vague, le surfeur va chercher à l’utiliser pour glisser sur l’eau comme ceci :
Le but d’un surfeur c’est donc de dompter une partie de l’énergie de l’océan pour son kiff personnel (dit comme ça c’est très classe comme sport, pas étonnant qu’ils choppent autant).
Seulement vous devez apprivoiser l’énergie, la canaliser pour la réutiliser. Réussir à faire ça demande de l’entraînement, parce que quand vous ne savez pas dompter l’énergie, quand vous subissez la vague, vous la prenez en pleine face, comme ceci :
Et ça ce n’est pas agréable du tout, vous avez du sel dans les trous de nez et vous toussez.
Alors le rapport avec le métal me direz-vous ?
Le métal représente une très forte dose d’énergie musicale, c’est son but premier. Du coup pour le débutant non habitué, écouter du métal revient à se prendre une vague de bruit dans la tronche, vous n’entendez que des sons saturés et cela vous agresse, parce que vous ne comprenez pas ce qu’il se passe et vous vous mettez sur la défensive, vous vous fermez (ce qui est naturel).
A l’inverse pour le metalleux aguerri, toute cette énergie le porte, lui va entendre le riff de guitare, le rythme de la batterie, il va canaliser tout ça, se l’approprier et ça va lui donner une pêche monstrueuse (je vous jure, j’écoute à peu près tous les genres de musique et je n’ai jamais rien trouvé qui donne autant d’énergie, bon après chaque genre a son intérêt).
Et quand vous arrivez à canaliser toute cette énergie vous avez besoin de l’évacuer, c’est ce besoin qui poussent les metalleux à faire des trucs apparemment absurdes comme ça :
(j’interdis au public non-aguerri de mettre le son, ce passage est spécifiquement pensé pour être le plus agressif possible pour le live et vous n’êtes tout simplement pas prêt, mais après je sais que les gens adorent faire ce qu’on leur interdit de faire, alors vous allez le faire, mais ne le faites pas et si vous le faites, ne laissez pas ça vous dégoûter, c’est normal d’avoir l’impression de se faire violer le tympan).
Bon déjà vous avez compris le principe de base du métal et pourquoi certains l’apprécient et d’autres non, mais le métal ce n’est pas juste de l’énergie.
Oui le métal c’est de la musique et même plutôt plus que beaucoup d’autres genres
Ok je vous provoque un peu avec ce titre mais c’est parce que j’ai tellement entendu la phrase « le metal c’est pas de la musique » que je dois me défouler. Parce que rien n’est plus éloigné de la vérité que cette phrase.
Avant de dire pourquoi le métal c’est de la musique, on doit d’abord définir vite fait ce qu’est la musique :
La musique commence là où la parole est impuissante à exprimer.
Bon ok en vrai cette phrase est pas de moi et ne fait pas du tout avancer mon truc mais je la trouve juste très stylée (elle est de Debussy).
Bon ma définition est très subjective, mais la musique en gros c’est trois choses :
Le rythme (le moment où on joue les notes).
La mélodie/l’harmonie (quelles notes on choisit de jouer et comment elles sonnent à la suite (mélodie) ou ensemble (harmonie) ).
Le timbre (comment sonne un son, vous pouvez faire la marseillaise à la guitare et au violon, les notes et le rythme sont les mêmes mais ça sonne pas pareil parce que le timbre est différent).
On peut donc jouer avec trois composantes pour faire de la musique, certaines musiques seront principalement ryhtmiques, d’autres vont mettre le paquet sur la mélodie et l’harmonie mais sans forcément travailler le timbre, etc…
Le truc c’est que les différents genres de musique vont traditionnellement appuyer sur les mêmes composantes et c’est intéressant d’y réfléchir. Alors là je préviens, je vais généraliser à outrance mais c’est pour que vous compreniez ce que je veux dire :
La musique « commerciale » (j’aime pas trop le terme mais en gros ce qui est poussé dans les gros médias et pensé pour plaire au plus grand nombre) va plutôt s’appuyer sur une mélodie forte et reconnaissable qui sera d’autant plus mise en avant par le lissage du reste (timbre commun et rythme simple)
Le rap va s’appuyer principalement sur le rythme, l’instru et sa mélodie répétitive est travaillée principalement au niveau du timbre car elle est là pour mettre une ambiance et pour poser le cadre, le rappeur va ensuite se servir de sa voix comme d’un instrument rythmique ce qui donne le « flow » (avant le rap, la voix était quasi exclusivement mélodique, c’est cette différence fondamentale qui a valu a beaucoup de rappeurs l’appellation de « pas des vrais chanteurs »)
La musique classique se concentre principalement sur l’harmonie et la mélodie qui est ici extrêmement complexe et travaillée (on a fait un guide pour découvrir la musique classique d’ailleurs si ça vous intéresse). Le timbre est également très travaillé dans certaines formations, par exemple l’orchestre où le compositeur va « distribuer » les rôles avec minutie en fonction du sens recherché par la musique.
La musique électronique se concentre plus sur le timbre, on a souvent un rythme classique en 4 temps (pour la danse et pour les transitions), une mélodie minimaliste qui s’efface pour mettre en valeur le travail ENORME sur le son (le fameux beatmaker qui passe 12 heures juste sur le son de son kick).
Bon alors tout ça c’est des règles générales bien sûr et les musiques les plus intéressantes sont souvent celles qui essaient de s’affranchir des règles de leur genre (les délires rythmiques d’Aphex Twin en electro sont pour moi un bon exemple ou encore l’aspect mélodique de la voix d’Eminem).
Et le métal dans tout ça ? Et bien le métal privilégie principalement la mélodie (et l’harmonie dans une moindre mesure), oui oui vous avez bien lu. Alors bon oui ça dépend des sous-genres encore une fois mais globalement un groupe de métal va d’abord composer un riff, une mélodie puis s’occupera du rythme et du timbre dans un second temps.
C’est quelque chose que beaucoup ignorent, lorsqu’une oreille non-habituée entend du métal elle se sent attaquée par des sons saturés et ne peux pas entendre la richesse mélodique et harmonique qui se cache derrière. Et pourtant croyez moi, le métal offre une véritable richesse de composition, d’ailleurs beaucoup de metalleux sont musiciens et certains sous-genres comme le métal progressif vont même très loin dans le délire avec des musiques extrêmement longues, variées et complexes (ce qui les rend d’ailleurs encore plus difficile d’accès).
Ah et vous ne remarquez rien ? La musique classique et la musique métal partagent énormément de points communs.
Eh oui, en fait beaucoup de metalleux sont également des grands fans de musique classique puisque les deux genres recherchent grosso modo la même chose, certains vont même jusqu’à attribuer à la musique de Wagner des caractéristiques metal, lui qui recherchait l’énergie et des basses puissantes.
D’ailleurs une étude a même montré que les auditeurs de musique classique et de métal avaient tendance à partager des traits de personnalités. Selon l’étude, ils sont tous les deux plutôt créatifs, bienveillants et à l’aise avec eux-mêmes (et je dis pas ça pour me la péter et pour flatter les lecteurs metalleux, non, non… ).
Donc oui, le métal c’est de la musique, mais une petite précision, je ne sous-entends absolument pas de hiérarchie entre ces composantes et un genre n’est pas plus de la vraie musique s’il s’appuie principalement sur la mélodie et l’harmonie. Mais pour être honnête avec vous, je pensais ça quand j’étais ado, puis j’ai découvert Mezzanine de Massive Attack et le trip-hop en général.
Bon, pour le moment on a expliqué que le métal était une histoire d’énergie et que c’était bien de la vraie musique. Mais on a pas répondu à la question, comment font les gens pour écouter du métal ?
Eh bien, en général, un métalleux n’a pas commencé par le death metal extrême en se disant qu’il kiffait, non il est passé par plusieurs étapes pour habituer son oreille et c’est de ça que l’on va parler dans cette dernière partie.
Le métal c’est comme le ski
Chez Snackable on adore les métaphores de sports de glisse, alors on va pas s’arrêter là.
Quand vous apprenez le ski, vous ne commencez pas par dévaler les pentes d’une piste noire en faisant des slaloms de grand blond. Non, au début vous galérez sur des pistes vertes.
Le métal c’est pareil. Ici je vais vous décrire comment en général on en arrive à écouter du métal, jusqu’aux trucs très extrêmes, parce que tout ça est une progression. Tout le monde ne va pas au bout, parce que tout le monde ne peut pas écouter de la musique métal extrême, mais il est important d’aborder les choses progressivement, il est normal que si vous commencez le ski par une piste noire, vous allez vous planter.
Vous me direz dans les commentaires où vous vous êtes arrêtés.
Les pistes vertes du métal, ou comment vous écoutez déjà du métal sans vous en rendre compte
Comme toutes les musiques, le métal a évolué de quelque chose d’autre. Et ce quelque chose d’autre c’est le hard-rock.
Les gens qui écoutent du métal ont rarement commencé par ça, la plupart viennent du hard-rock et comme ce dernier, ont évolué vers le métal.
On attribue généralement à Black Sabbath la paternité du genre métal. Et c’est vrai que le groupe a vraiment donné au genre ses codes, principalement dans les thèmes occultes et horrifiques qui y sont abordés.
C'est la musique du diable ! Petite note à propos de l'aspect démoniaque/gothique du métal
Pour beaucoup de gens, les thèmes abordés par le métal (gloire à Satan!) sont un frein, mais honnêtement laissez pas ça vous gêner, c’est généralement du second degré et plutôt dans un but de performance scénique et de création d’identité. Personnellement je suis pas du tout dans ce délire et ça m’empêche pas d’apprécier la musique.
Mais à vrai dire l’une des premières musiques avec des caractéristiques métal de l’histoire – et créé par un groupe majeur – date de 1968 et vient de 4 mecs de Liverpool que vous n’attendiez probablement pas dans ce genre
Ce groupe c’est les Beatles avec leur chanson Helter Skelter
VOUS SENTEZ L’ENERGIE DANS CETTE INTRO? Au passage, plus j’en apprends sur les Beatles plus je bave d’admiration, les mecs ont TOUT inventé à un point où ça devient indécent. Aujourd’hui vous pouvez être sûr que quelque soit la musique que vous écoutez, elle a été au moins indirectement influencée par les Beatles, j’écrirai probablement un article là-dessus parce que c’est incroyable.
Mais là où je veux en venir avec ce paragraphe, c’est que le métal vient directement du rock et du hard-rock, par conséquent beaucoup de musiques rock ont de fortes caractéristiques métal même si elles sont finalement assez éloignées du métal moderne.
Quelques exemples de musiques populaires avec de grosses caractéristiques métal (certaines de ces musiques sont déjà pas mal agressives, mais si vous les appréciez toutes mes félicitations petit poulain, vous êtes sur la bonne voie) :
Smell like teen spirit de Nirvana, riffs en accord de puissance avec distorsion, déluge d’énergie, voix cassée et criarde, batterie puissante, non je suis désolé c’est du métal.
When the Sun Goes Down de Arctic Monkeys Alors là c’est très rock mais pas mal de groupes indé anglais flirtent régulièrement avec les limites du rock en terme d’énergie (je pense à Royal Blood aussi), au final ça bouge vraiment et si vous aimez ça vous n’aurez pas trop de mal à aller un peu plus loin.
New Born de Muse La bande à Mat Bellamy aime bien les gros riffs et la musique classique. C’est très métal comme esprit, comme le riff de New Born.
Bonfire de Knife Party Yes petite exception, c’est pas du rock mais globalement, la dubstep c’est très métal comme truc, j’irais même jusqu’à dire que la dubstep est à la musique électronique ce que le métal est au rock. Même recherche d’énergie et de puissance, d’ailleurs j’ai l’impression que pas mal de métalleux écoutent de la dubstep en secret.
Killing in the name of de Rage Against the Machine C’est assez évident là, cette musique respire la violence et si vous vous êtes déjà surpris à hurler « FUCK YOU I WON’T DO WHAT YOU TELL ME, MOTHEEEEEER FUUUUUCCKKKKER », félicitations, vous avez déjà mis un gros pied dans le métal, parce que c’est exactement ça qu’on kiffe.
Les pistes bleues du métal, le vrai métal qui reste accessible
Alors là on rentre dans les vrais groupes de métal mais qui restent encore très accessibles. Si vous donnez une chance au truc il y a de fortes chances que vous kiffiez.
Les ballades métal, ou comment tant de douceur se cache derrière ce genre musical de brutes
Comme on vous l’a dit, les metalleux adorent la musique et sont des gens gentils, ils veulent faire de la musique belle et douce et parfois les guitares saturées et les cris ben c’est pas adapté pour ça, alors ils écrivent des ballades.
Les ballades sont souvent des interludes dans les albums pour détendre l’auditeur entre deux pièces de violence à 200 BPM, c’est limite devenu un cliché, chaque groupe métal doit faire sa ballade. Et je peux vous dire que l’on trouve les plus belles musiques du monde parmi les ballades métal.
Vous pouvez commencer par la mère des ballades métal :
Félicitations, vous venez d’écouter une musique de Metallica, probablement le plus grand groupe de métal de tous les temps (hey ouai désolé mais j’ai jamais kiffé plus que ça Iron Maiden).
Allez deux petites ballades pour la route :
Still day Beneath the sun d’Opeth, l’une des plus belles musiques que j’ai jamais entendue, on reparlera d’Opeth dans la section piste noire, ce groupe est incroyable car il va de la plus grande douceur comme ici à des choses très très violentes et sombres, parfois dans la même musique.
3 libras d’A Perfect Circle Au passage, la voix que vous entendez provient de Maynard James Keenan plus connu comme étant le leader du groupe Tool, probablement l’un des groupes les plus fascinants sur cette terre et vous allez devoir me croire sur parole parce que j’aurais du mal à expliquer mais pour faire court, c’est le seul groupe que j’aime encore plus à chaque écoute ; et ça fait 10 ans que j’écoute régulièrement.
Les semi-ballades, ou comment aller vers le métal en douceur
La musique sert à exprimer des sentiments et à raconter des histoires. Tout ça n’est pas figé et on ne voit pas pourquoi une musique devrait être homogène du début à la fin, parfois il est intéressant de faire progresser l’atmosphère, de créer du contraste.
Ici je vous présente des musiques qui alternent entre moments doux et passages un peu plus heavy, c’est un excellent moyen d’aborder le métal parce que les moments heavy sont introduits progressivement ce qui évitera à votre oreille de se sentir agressée.
Fear of A Blank Planet de Porcupine Tree Un morceau qui monte progressivement et qui reste très accessible (limite c’est juste du rock). Au passage le chanteur de ce groupe s’appelle Steven Wilson et est un génie qui révolutionne la musique tous les jours en prenant son petit-déjeuner.
One de Metallica C’est tout simplement la musique qui m’a fait aimer le métal et on dirait qu’elle a été composée pour introduire le genre, c’est très doux au début sauf les refrains qui sont très heavy (mais très courts) puis la musique monte progressivement en puissance et en intensité jusqu’à exploser à la fin. Je vous met la version enregistrée avec un orchestre symphonique, parce que.
Les pistes rouges du métal, on commence à bien bouger la tête
Alors les pistes rouges c’est une grosse étape pour un skieur, il y a clairement un sursaut de difficulté par rapport à la piste bleue, maintenant on va écouter des musiques clairement énergiques et dynamiques mais tout en restant dans le métal classique (contrairement au metal « extrême » qu’on abordera brievement après).
Si vous avez aimé la fin de la musique One de Metallica vous devriez être prêt pour ça.
Master of Puppets de Metallica Je vous ai dit que j’aimais Metallica ? Le groupe a clairement permis de démocratiser le genre alors je suis obligé de vous faire écouter LEUR MUSIQUE. Voici Master of Puppets, LA MUSIQUE METAL par excellence, je n’imagine même pas le nombre de personnes qui ont commencé à apprendre la guitare électrique à cause de cette musique. De plus Master of Puppets montre bien le potentiel musical du métal, avec sa première partie heavy et entraînante, son interlude douce et mélancolique, puis cette remontée sombre vers un solo de guitare d’anthologie. Bref cette musique, c’est la définition du métal.
Cowboys from Hell de Pantera Allez, on va un peu plus loin dans l’énergie avec un autre classique d’un groupe légendaire : Pantera. Ici on est dans quelque chose de plus brut, on va à l’essentiel : une guitare avec un son acéré, une voix bien viril et un déluge d’énergie qui devrait vous faire sauter sur votre lit.
Les pistes noires du métal, ou l’arrivée du chant guttural
Ok ici on est dans l’étape ultime, une étape qui n’est franchie que par une partie des metalleux parce que c’est le moment où les chanteurs vont sortir leur voix de gorge pour faire des ROOOOOHHHHHHHHHHGGGGGGGGG.
Aujourd’hui j’adore ce type de chant, mais je me souviens de la première fois que j’en ai entendu, j’avais 16 ans et j’avais mis une musique d’Opeth dans mon mp3 128 Mo (comment on vivait bordel) sans la connaître et alors que j’écoutais, à la moitié de la chanson ce chant caverneux m’agressa.
Dans un réflexe de survie, j’enlevai alors subitement mes écouteurs, me jurant de ne plus jamais écouter de musique de ma vie.
Mais j’y ai réfléchi.
Il est tout à fait normal de se demander en quoi le chant guttural s’apparente à de la musique et surtout, qui a eu l’idée de faire ça ?
Mais en fait, c’est parfaitement logique, quand vous cherchez à faire de la musique énergique, violente et sombre, il y a un moment où une voix mélodique et normale n’a plus vraiment de sens et contraste beaucoup trop avec les guitares saturées et les batteries puissantes. A ce moment les mecs se sont dit : « mais pourquoi on ne saturerait pas la voix aussi ? Histoire de pousser le délire jusqu’au bout ».
La voix gutturale n’est d’ailleurs pas qu’une voix saturée, c’est une voix de timbre. Vous vous souvenez tout à l’heure quand on disait que la voix était traditionnellement mélodique et que le rap l’avait rendue rythmique ? Et bien certains ont voulu explorer la dernière option et privilégier le timbre de la voix ; et pas que dans le métal d’ailleurs. Quand Thom Yorke de Radiohead produit des espèces de lamentations nasillardes on est dans la même approche. Ainsi la voix gutturale cherche à poser une ambiance, à rajouter un petit truc en plus de l’instru saturée.
De plus ce genre de chant extrême permet souvent de créer un contraste entre une partie mélodique et une partie violente. Cette idée de créer du contraste est pour moi la meilleure porte d’entrée vers le chant extrême parce qu’elle lui donne un sens.
Voici un exemple du groupe Néérlandais Textures, la première partie de la musique est magnifique avec de très belles envolées tout ça pour contraster et mettre plus en avant la deuxième partie chargée d’une agressivité absolument jouissive.
Un autre exemple avec l’un de mes groupes préférés, les suédois d’Opeth. Dans the Drappery Falls on a un morceau très aérien avec des passages très doux pendant toute la première moitié. On va monter progressivement jusqu’à arriver vers un chant très caverneux qui sert de paroxysme à une musique qui se veut être un parcours musical dans un monde complexe, sombre et torturé.
Petit bonus : le hors-piste
On peut aller toujours plus loin dans la violence et le métal extrême, pour ceux qui auraient tenu jusqu’ici voici un exemple avec un groupe tellement exceptionnel qu’un mec a écrit une thèse dessus : Meshuggah.
Vous êtes encore là ? Wouah, merci à vous d’avoir lu jusqu’au bout ! C’était très long comme article mais j’espère que vous aurez appris quelque chose et que vous fermerez cet onglet avec un esprit plus tolérant et ouvert. La bise.
Attendue depuis des semaines, l’offensive visant à reprendre la ville de Mossoul aux djihadistes de l’État islamique (EI) a été lancée ce lundi 17 octobre. Retour sur les enjeux et les risques de cette bataille décisive.
Des dizaines de milliers d’Irakiens, de Kurdes, de Turcs et d’Occidentaux s’apprêtent à lutter pendant de nombreuses semaines pour libérer la ville et son 1,5 million d’habitants.
L’opération, nommée « Fatah » (Conquête) va permettre de juger de la solidité de cette coalition, de porter un coup énorme aux djihadistes mais risque aussi de tourner à la pire catastrophe humanitaire de l’année.
Le plan de batailleLa perte d'un symbole pour l'État islamiqueLes dangers qui menacent la coalitionLa crainte d'une catastrophe humanitaireL'après, le véritable enjeu de la bataille de Mossoul
Mossoul est la dernière des grandes villes à reconquérir en Irak après Tikrit, Ramadi et Falloujah, première ville tombée aux mains des djihadistes en janvier 2014 et reprise cet été.
Encercler, libérer, nettoyer et gouverner à nouveau Mossoul
La coalition encercle Mossoul en prenant les villages qui la bordent au Sud, à l’Est et au Nord. Seul l’Ouest, en direction de la Syrie, est pour l’instant laissé libre afin d’offrir une porte de sortie aux djihadistes et éviter une résistance désespérée. Plutôt les affronter dans le désert qu’en ville.
Comme à Falloujah, les forces chiites seront majoritairement impliquées. Des dizaines de milliers de militaires, policiers, membres des forces spéciales et miliciens contrôlés par l’Iran, grand allié chiite de Bagdad, vont attaquer au Sud.
L’aviation occidentale et plusieurs milliers de soldats américains, principalement chargés de l’encadrement, mais aussi des artilleurs français les soutiennent.
À l’Est, 4000 peshmergas Kurdes profiteront aussi de l’aide des forces spéciales occidentales, tandis qu’au Nord, des miliciens kurdes et des sunnites formés par la Turquie complètent le dispositif. Les tribus sunnites participent à l’offensive, certaines du côté de Bagdad, d’autres du côté kurde ou encore turc.
La prise de Mossoul sera un coup décisif porté à Daesh et sa tentative d’installer un « califat » entre Syrie et Irak, mais ne marquera pas pour autant la fin de l’organisation terroriste.
Éliminer Daesh en Syrie, où il faut agir de concert avec la Russie et le régime syrien est bien plus compliqué qu’en Irak. De plus, Daesh prend de plus en plus la forme d’une organisation terroriste sans attache territoriale unique. Nigéria, Libye, Yémen, Afghanistan…
Ses membres sont présents dans l’ensemble du monde islamique et, même éliminés de ces zones, ils pourront toujours se cacher pour continuer leur action comme le fait Al-Qaïda. La guerre contre l’idéologie djihadiste se gagne dans les têtes plus que sur le terrain.
Comme beaucoup, j’ai découvert l’EI lorsqu’il prend Mossoul en juin 2014. Les images de l’armée et des fonctionnaires irakiens fuyant la ville alimentent longtemps la propagande djihadiste. Stupéfaction totale en Occident : trois ans après le départ des Américains, le pays replonge dans la guerre et le terrorisme. Personne n’en veut, mais une nouvelle intervention est inévitable.
Mossoul, berceau du califat rêvé par Daesh
Une partie de la population de Mossoul, ville majoritairement sunnite, fête l’arrivée de Daesh comme une libération. Les armes et les réserves monétaires laissées sur place renforcent considérablement les djihadistes. Ils ne tardent pas à profiter de la situation pour commencer l’épuration ethnique de la région, à commencer par la minorité yézidi.
Enfin, c’est depuis une mosquée de Mossoul que le chef de l’organisation État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, proclame le califat. Profitant des ressources trouvées sur place, celles collectées via l’impôt ou la vente de pétrole ou celles encore envoyées par l’Etat irakien (Bagdad payait toujours les fonctionnaires restés sur place…), Daesh met en place depuis Mossoul les éléments d’un proto-état.
La perte de Mossoul portera un coup énorme aux revenus, à l’image et l’influence de l’organisation terroriste et mettra fin à sa présence territoriale en Irak. Mais malgré le rapport de force inégal, la bataille risque d’être difficile et une victoire ne signifiera pas la fin de l’idéologie djihadiste dans la région.
Histoire croisée de Mossoul et Daesh
Inutile de revenir sur la vieille histoire de Mossoul, distante de quelques kilomètres de Ninive, centre d’une des plus anciennes civilisations de l’histoire humaine. La Mossoul moderne est un pôle multiculturel et un carrefour commercial au sous-sol riche en pétrole. Mossoul n’a jamais véritablement été intégrée à l’Irak. Lors de la fondation et la décolonisation du pays, Turcs et Kurdes protestent contre le rattachement de la zone à l’Irak.
C’est le retour de « la question de Mossoul » indique Myriam Benraad, chercheuse à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, qui explique en partie l’intervention turque dans l’opération. Elle revient dans un long article pour OrientXXI sur le gouffre qui a toujours séparé la région de Bagdad. Déjà, après le renversement de la monarchie en 1958, une insurrection est réprimée dans le sang par le pouvoir central à Mossoul :
« La population locale a perpétué le souvenir de ces événements, développant l’obsession d’un « jamais plus » et se dissociant de l’État pour ne plus l’affronter à nouveau. Cette épaisseur temporelle permet d’entrevoir pourquoi Mossoul ne s’est pas non plus soulevée contre l’EI, et plus particulièrement contre ses combattants étrangers peu appréciés. Elle éclaire la réticence que beaucoup ont éprouvée à quitter leur ville en 2014, surtout débarrassée d’une armée irakienne principalement chiite qui faisait office de force d’occupation pour le compte de Bagdad. »
Après la chute de Saddam, les sunnites n’ont pratiquement plus aucune représentation en Irak, jusque dans l’armée qui est dissoute. Mossoul devient alors l’un des pôles de l’idéologie djihadiste dans le pays, berceau de la branche locale d’Al-Qaida qui prendra ses distances de la maison mère pour devenir l’organisation État islamique.
À première vue, le déséquilibre tant humain que matériel fait pencher la balance en faveur de la coalition. Toutefois, les 4500 à 6000 djihadistes qui devraient prendre part à la défense de Mossoul ont eu le temps de se préparer. Ces hommes, dont certains sont aguerris aux combats en Irak ou en Tchétchénie, adoptent des tactiques de guérillas. Si la bataille venait à durer, la coalition risque d’en faire des martyrs, à la légende digne des légionnaires de Camerone.
Pas de quoi remette en cause la victoire finale de la coalition, mais suffisant pour la retarder. Barack Obama qui l’a promise avant la fin de son mandat. En comparaison, la reprise de Falloujah, bien plus petite, a pris un mois.
La coalition doit faire face aux attaques de snipers et de voitures piégées. Une fois un village récupéré, il faut s’assurer que des djihadistes ne soient pas cachés et que des tunnels par lesquels ils pourraient surgir ou des mines ne menacent la sécurité future des troupes et des habitants.
La situation va empirer à Mossoul avec ses rues étroites, les barrières et tunnels mis en place par les djihadistes, et la difficulté de bombarder de peur de causer des pertes civiles et de créer de nouveaux obstacles pour la coalition. Il faudra être prudent : chaque maison est susceptible d’accueillir des civils, des djihadistes ou des pièges.
On redoute aussi la fuite de djihadistes. Comment les distinguer des réfugiés ? Comment les intercepter avant la Syrie ou pire, l’Europe pour ceux qui voudraient y commettre un attentat ? Que faire des prisonniers? Pas question de créer un nouvel Abu Ghraib, où les Américains avaient enfermé ensemble les djihadistes qui formèrent ensuite Daesh. Mais le véritable ennemi est à l’intérieur de la coalition : typique du conflit en Syrie et en Irak, cette dernière est composée d’alliés de circonstance, aux objectifs parfois opposés.
Dans une interview à Libération, Loulouwa al-Rachid du Centre de recherches internationales (CERI) indiquait : « Le partage du butin et des rôles de chacun au lendemain du départ de l’EI peut donner lieu à une « guerre de tous contre tous » entre milices chiites, forces proturques, Kurdes, etc. Car derrière les rivalités communautaristes, il y a les convoitises des terres, du pétrole et des ressources en eau. »
Clique ici pour découvrir les membres de la coalition et leurs objectifs
Occidentaux
C’est un moment décisif dans la campagne pour infliger à Daesh une défaite durable.
Ashton Carter, Secrétaire américain à la guerre. Portés par les États-Unis et la France, les Occidentaux mènent une nouvelle bataille dans la guerre contre le terrorisme lancée près de quinze ans auparavant.
Loin des blocages rencontrés en Syrie face aux Russes et aux forces du régime, ils peuvent agir en totale liberté en Irak. Ils ont reformé et ré-équipé l’armée et fournissent un soutien aérien.
Leur objectif est de pacifier le pays et d’en finir avec la menace djihadiste qui pèse sur le jeune État irakien difficilement mis en place après la chute de Saddam Hussein. Ils vont aussi tenter de préserver la sécurité des civils et d’assurer l’aide humanitaire.
Il ne faudrait pas tomber dans les mêmes travers que les Russes à Alep et alimenter encore un peu plus le flot des réfugiés qui tentent leur chance vers l’Europe.
Kurdes
Les peshmergas sont présents pour protéger les populations, donc il n’y a pas besoin que les forces irakiennes se déploient
Massoud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan autonome. Ils sont principalement représentés par les peshmergas, la force de sécurité du Kurdistan, région autonome d’Irak, à l’Est de Mossoul. En théorie, ces derniers dépendent de Bagdad mais dans les faits, la prise de Mossoul par les djihadistes et leur capacité militaire leur ont permis d’agrandir leur territoire et de renforcer leur autonomie.
Le Nord est contrôlé par les miliciens kurdes syriens de l’YDP, proche du PKK turc, faction considérée comme terroriste par la Turquie. Tous les Kurdes bénéficient du soutien occidental et ont longtemps été considérés comme la seule force capable de s’opposer aux djihadistes sur le terrain.
Leur but est de défendre leur territoire historique, et même d’en gagner au détriment des Arabes sunnites installés dans la région par Saddam Hussein. Amnesty International dénonce ainsi la destruction de villages arabes par les Kurdes. Massoud Barzani s’est prononcé en faveur d’un référendum pour que les populations libérées puissent décider de qui elles dépendraient à l’avenir.
Turcs
Peu importe ce que dit le gouvernement irakien, la présence turque sera maintenue pour combattre Daesh et pour éviter une modification par la force de la composition démographique dans la région
Recep Tayyip Erdogan, président turc. Membre de l’OTAN et principale alliée des Occidentaux, la Turquie n’a pas fini de surprendre dans ce conflit. Accusée d’être trop laxiste avec les djihadistes, elle s’est engagée en Syrie fin août via l’opération Bouclier de l’Euphrate. Plus que vaincre les djihadistes, c’est pour s’opposer au régime chiite de Damas et empêcher les Kurdes de créer un pays indépendant qu’ils ont décidé de s’ériger en protecteur de la population sunnite.
C’est la même logique qui les pousse à intervenir en Irak, sans aucun accord préalable de Bagdad ou des Occidentaux. Ils sont présents dès décembre 2015 sur la base de Bashiqa, à quelques dizaines de kilomètres au Nord-Est de Mossoul et s’en servent comme plateforme pour bombarder les terroristes et former des miliciens irakiens sunnites. 1500 d’entre eux participeront à la reconquête de la ville.
Irakiens
Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé
Haïder al-Abadi Premier ministre irakien. Les forces irakiennes ont inversé la tendance depuis un an en libérant les principales villes contrôlées par Daesh à l’Ouest et au Nord du pays. Avec l’aide des Occidentaux et de l’Iran, elles se sont reconstituées pour enfin devenir les troupes au sol indispensables à la reconquête du territoire.
Si elles ont payé un lourd tribut dans les précédents affrontements, elles sont aussi suspectées de violences envers les populations sunnites, notamment en ce qui concerne les milices chiites financées par l’Iran, marquées par un fort anti-américanisme. Le Premier ministre irakien a ainsi tenté de rassurer ses partenaires et la population : seuls les militaires et les policiers seront autorisés à entrer dans Mossoul.
C’est leur dernière bataille d’importance à mener, mais sans doute aussi la plus risquée. Il faut en effet que Bagdad restaure son autorité sur la partie sunnite du pays et contienne les ambitions kurdes et turques.
Le sort du 1,5 million d’habitants encore présents dans la deuxième ville du pays occupe tous les esprits. Sans défense, ils courent tous les dangers, à commencer par celui d’être utilisés comme boucliers humains par les djihadistes et d’être frappés par erreur par des tirs de la coalition. Plus la bataille va durer, plus les risques seront grands, y compris ceux inhérents à l’impossibilité d’avoir accès aux soins, à l’eau courante ou aux biens de première nécessité.
Les habitants de Mossoul pris entre deux feux, la guerre et la crise humanitaire
Ce mouvement de résistance est connu depuis plusieurs mois par la presse qui rapporte des tags représentant la lettre M pour muqawama, « résistance », sur les façades de Mossoul. La répression de cette révolte par les djihadistes pourrait faire de nombreuses victimes, sans parler d’éventuels conflits entre civils pro et anti-daesh.
Selon Franck Genauzeau, grand reporter de France 2, une vingtaine de civils ont déjà été exécutés dans les premières heures de l’offensive pour avoir diffusé des photos des installations défensives mises en place par les djihadistes. Daesh a même coupé les connexions Internet, y compris mobile.
Mais au-delà des dangers de la bataille, c’est l’après qui inquiète.
Vers la plus grande catastrophe humanitaire de l'année ?
Ces multiples dangers pourraient inciter de nombreux habitants à fuir Mossoul. Or les capacités d’accueil conjointes de l’ONU et des forces irakiennes sont d’environ 300 000 places, loin du million de personnes potentiellement concernées.
« Il existe une règle informelle selon laquelle aucune institution ne peut faire face à un mouvement de population de plus de 150000 personnes à la fois », indique à la presse Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak. Alors que l’hiver approche, seulement la moitié des 334 millions d’euros budgétés pour l’achat de tentes et de biens de première nécessité a été provisionné.
#Irak: les civils qui fuient l’État islamique risquent de graves représailles. Rapport d’Amnesty International: https://t.co/NGefbKSMdo — Nina Walch (@NiWalch) 18 octobre 2016
Et cela ne concerne que l’urgence des prochains mois. La question de la reconstruction de la ville et de ses alentours est primordiale. Alors que l’accueil des réfugiés s’avère déjà problématique, l’expérience montre que les villages reconquis depuis plusieurs mois n’ont toujours pas été réoccupés.
Daesh mène véritablement une politique de la terre brûlée. Les mines et les pièges empêchent le retour des habitants qui ne peuvent reprendre possession de leur maison en toute sécurité. Ils ne peuvent pas commencer les réparations de base, remettre l’électricité ou l’eau courante. Ils ne peuvent pas cultiver à nouveau les champs ou reprendre une activité, faute de clients ou de biens à acheter.
L’économie locale n’existe plus, près de 4 millions de personnes ont quitté la région depuis deux ans pour les camps de réfugiés de Turquie ou d’Europe. Le besoin d’une aide internationale ne concerne pas que les prochains mois mais les prochaines décennies.
La chute de Mossoul ne signifie pas la fin de l’EI en Irak, et encore moins celle de l’idéologie djihadiste. Al-Qaïda avait déjà été « éliminé » du pays à la fin des années 2000. Ça ne l’a pas empêché de réapparaître et de muter en ce qu’on connait aujourd’hui comme l’EI.
Pour trouver la paix, l’Irak doit sortir du sectarisme et du jeu géopolitique
Daesh s’est nourri du ressentiment que faisait naître le pouvoir chiite envers la population sunnite. Bagdad doit éviter de reproduire les erreurs du passé en donnant plus de pouvoir aux communautés locales. Or pour l’instant, rien n’indique un changement de mentalité.
« Le gouvernement irakien n’a pas de plan pour le jour d’après, celui où Mossoul sera repris. Il ne sait pas quoi faire, hormis tenter de rétablir un statu quo ante. Il tentera de placer un gouverneur docile et de déléguer ce qu’il peut à des milices tribales et à ceux qui seront là. Au-delà de l’enjeu symbolique énorme de chasser l’EI d’Irak, Mossoul est un fardeau pour Bagdad qui est en quasi-faillite financière » rappelle Loulouwa al-Rachid.
La victoire militaire devra se prolonger par un effort politique de dialogue et de réconciliation entre les différentes communautés, sous la tutelle des principales puissances engagées.
Car le sort de Mossoul questionne l’avenir de l’Irak dans son ensemble. Dans tout le pays les sunnites attendent d’être intégrés au pouvoir et au-delà des aspects communautaires, toute la population attend le retour de l’emploi, de la justice et de l’indépendance du pays vis-à-vis des intérêts étrangers.
Sans quoi la menace djihadiste pourrait resurgir ailleurs. Pour trouver la paix, l’Irak doit sortir du grand jeu géopolitique dans lequel le pays a été plongé par l’intervention américaine en 2003 et retrouver la voie de la démocratie et du développement.
Derrière la guerre, des revendications citoyennes méconnues
En finir avec un pouvoir corrompu, religieux et inféodé aux États-Unis ou à l’Iran. En dépit de la guerre et de la menace terroriste, un mouvement citoyen émerge en Irak et porte de telles revendications.C’est sur ce mouvement qu’enquête Feurat Alani, ancien correspondant à Bagdad pour de nombreux médias français et désormais producteur de l’agence In Sight Films.
Laïcs ou religieux, apolitiques ou anciens baasistes, jeunes et vieux se retrouvent sur la bien nommée place Tahrir pour demander le renouveau des services publics, la refonte des services de l’État et ses fonctionnaires aussi inutiles que corrompus. C’est en comblant ces besoins que Daesh a réussi à s’implanter facilement dans le Nord-Ouest du pays.
Ils demandent aussi le respect des différentes communautés, sans toutefois pérenniser le système de quotas mis en place par les Américains, qui ne fait qu’alimenter le sectarisme.
Enfin, la question de l’influence iranienne reste primordiale alors que la communauté chiite se divise entre partisans d’al-Abadi, l’actuel Premier ministre nationaliste soutenu par le clergé irakien et ceux de l’ancien Premier ministre al-Maliki, qui se place du côté de Ghassem Souleimani, chef militaire iranien des milices chiites impliquées dans la lutte contre Daesh.
La sonde spatiale européenne vient de s’écraser sur la comète Tchouri. Deux ans après avoir déposé le robot Philae à sa surface et douze ans après avoir quitté la Terre, cet épisode marque la fin de l’une des plus grandes prouesses techniques de l’humanité.
Tout d’abord, le bilan de la mission va se révéler particulièrement positif : les scientifiques de l’Agence spatiale européenne (ESA) vont passer plusieurs années à éplucher les données collectées par le duo Rosetta / Philae.
Améliorer la compréhension de notre système solaire
Les comètes se sont formées au commencement du système solaire et conservent des traces de la matière primitive qui a donné naissance à notre étoile et notre planète. Même si Philae a raté son atterrissage il y a deux ans, il a fourni des informations précieuses, complétées par les mesures prises par Rosetta en orbite.
On a découvert sur Tchouri du dioxygène (0²), là où on ne pensait pas en trouver. On s’est rendu compte que l’eau qui compose sa glace était différente de celle présente sur Terre. On a pu observer sa forme de religieuse (la pâtisserie hein), résultat d’une collision entre deux objets, suffisamment forte pour associer les deux corps mais pas assez pour les détruire.
Enfin, on a confirmé la présence de la glycine, acide aminé de base dans le processus de la vie. Et les scientifiques continuent d’analyser d’autres structures organiques carbonées qui étaient jusqu’ici inconnues.
De quoi remettre en question les théories des scientifiques sur la création du système solaire et des comètes et sur la formation de l’eau et de la vie sur Terre. Les découvertes issues des données de Rosetta devraient rythmer la vie des chercheurs pendant de nombreuses années.
Comme nous vous le disions en 2014, le simple fait que Philae se pose à la surface de Tchouri est un exploit digne de la mission Apollo 11, qui avait mené Armstrong et sa bande sur la Lune en 1969.
Pour vous donner une idée, bien que les technologies et les connaissances aient beaucoup évolué, imaginez que la mission Apollon 11 consiste à tirer au fusil sur une pastèque moyenne de 40cm de diamètre placée à 48 mètres.
L’envoi de Rosetta s’apparente alors à jeter en l’air une fléchette et gérer son timing pour qu’elle retombe, dix ans plus tard, sur un grain de poussière en mouvement à 64 kilomètres de là…
Pas de doute, les enseignements tirés de Rosetta vont permettre à la communauté scientifique d’envisager et de mener à bien de nouvelles missions.
Toujours en référence à l’Egypte antique, la NASA vient ainsi de lancer Osiris-Rex à destination de l’astéroïde Bénou, huit fois plus petit que la comète Tchouri mais qui passe beaucoup plus proche de la Terre (et a même une chance de la percuter d’ici un demi-siècle !).
Le pari de l’agence américaine relève une nouvelle fois du tour de force : la cible est plus petite et la sonde devra retourner sur Terre une fois des échantillons prélevés ! Autre astéroïde, même mission : la sonde Hayabusa-2 lancée en 2014 et qui doit atteindre l’astéroïde Ryugu.
Les deux missions doivent atteindre leur objectif en 2018 et répondre potentiellement aux mêmes questions que Rosetta. Et il parait évidant qu’elles connaitront une médiatisation exceptionnelle, digne de celle savamment orchestrée pour Rosetta par les équipes de communicants de l’Agence spatiale européenne.
L’engouement du public n’est pas prêt de cesser
Plus d’un demi-million de personnes ont suivi en direct l’avancée de la mission sur les réseaux sociaux et ses nombreux temps forts.
On retiendra par exemple l’ « acométage » difficile de Philae, finalement incapable de faire fonctionner ses panneaux solaires ; la course contre la montre pour recueillir des données avant l’épuisement de ses batteries ; la mise en sommeil de Rosetta et son réveil pour analyser l’évolution de la comète à l’approche du soleil ; ou encore les survols de la sonde à la recherche de Philae, dont la position exacte n’était pas confirmée.
Comme le souligne le Parisien, le renouveau de l’intérêt du grand public pour l’exploration spatiale permet aux scientifiques de débloquer plus facilement des crédits pour financer leurs recherches.
L’engouement pour la découverte de « planètes jumelles » dans des systèmes lointains (la dernière en date est Proxima Centauri b, en orbite autour de l’étoile la plus proche du Soleil) « où la vie serait possible », relève ainsi bien plus d’une réalité marketing que scientifique.
Le secteur privé, Space X en tête, n’est pas en reste et la conquête de Mars permet de mobiliser le grand public, quand les investisseurs sont parfois refroidis par les couacs et autres accidents.
Pas étonnant que de nombreux projets soient désormais mis en avant par la communauté scientifique mondiale. La prochaine grande avancée devrait avoir lieu du côté de Jupiter et de ses lunes.
La sonde Juno de la NASA devrait apporter des observations inédites sur la plus grande planète de notre système solaire, tandis qu’Europe, susceptible d’abriter de l’eau liquide et donc la vie, sera l’objet de plusieurs missions : la sonde JUICE, qui devrait être lancée par l’ESA en 2022, et la mission Europa Clipper de la NASA à une date encore inconnue.
Pour beaucoup de gens, fêter ses 25 ans est vécu de la façon suivante :
La raison la plus évidente à cette douleur est la réalisation du fait suivant :
Car oui, après 25 ans on ne peut plus vraiment vous appeler un jeune et ce même si la SNCF a fait passer l’âge maximum pour la carte jeune de 25 ans à 27 ans (une action qui a probablement augmenté le bonheur moyen en France de 10%, alors pardonnez leurs retards).
Et comme si ça ne suffisait pas de ne plus être jeune, une autre réalisation achève en général de déprimer les gens qui fêtent leur quart de siècle sur cette terre :
Alors si des personnes plus âgées lisent ce texte vous avez probablement envie de casser la tronche de ces petits cons qui osent se plaindre d’avoir 25 ans, surtout si vous êtes en pleine crise de la quarantaine/cinquantaine/soixantaine. Et vous avez raison, en relativisant, il y a pire dans la vie que d’avoir 25 ans.
Mais, chers amis qui viennent de terminer d’être jeunes, ne laissons pas la culpabilité nous empêcher d’être heureux et de comprendre pourquoi nous ressentons ce terrible cafard. Car les raisons vont plus loin que la simple réalisation de ne plus être jeune et ce sont ces raisons que l’on va expliquer dans cet article.
note : cet article traite plutôt de la crise des 25 ans vécue par ceux qui ont pu faire des études (et de surcroît des études assez longues, genre master) puisque dans ce cas, les 25 ans correspondent à peu près à l’arrivée sur le marché du travail (et on va voir que c’est important). Le but n’est pas de nier que cette crise ne puisse pas arriver à des gens qui n’ont pas fait d’études, c’est juste que je ne me sens légitime de parler que de ce dont je vis et que j’observe chez une bonne partie de mon entourage.
C’est quoi le bonheur
Le titre de cet article indique que ceux qui fêtent leur 25 ans sont malheureux, mais au final on peut se demander ce qui fait que l’on est heureux ou pas. Des milliers de personnes ont écrit des milliers de page sur ce sujet ultra complexe mais personnellement ma réponse préférée est celle apportée par le blogueur américain Tim Urban dans son fantastique article « why generation Y yuppies are unhappy » qui brille par sa simplicité :
Car oui au final c’est aussi simple que ça, si la réalité est conforme ou dépasse vos attentes, vous êtes heureux, si la réalité ne suit pas vos rêves et vos aspirations, vous êtes malheureux.
Tout est donc histoire de savoir quelles sont vos aspirations, vos attentes et comment vous ressentez la réalité. Tout en revient à cette équation et celle-ci est totalement chamboulée au moment du passage des 25 ans. Voyons pourquoi.
La période des études : fantasme de la réalité et attentes excessives
Je vous demande de revenir à la période probablement la plus bénie et heureuse de votre existence, je parle bien sûr de l’été qui a suivi votre bac. Vous avez terminé le fameux « rite de passage » comme disent les JT et vous l’avez peut-être même bien déchiré, ( petite mention au calme ) ce qui achève de booster votre ego et votre confiance en vous. L’année prochaine, vous serez étudiant, et vous êtes extatique (bon sauf si vous faites un truc genre prépa ou médecine, mais vous pensez à la grande école ou à la deuxième année qui suivra derrière). Vous avez raison d’être heureux, parce que vous abordez « les meilleures années de votre vie » comme disent les plus vieux.
Tout va déchirer, vous allez peut-être changer de ville, voire avoir votre propre appart, vous visualisez déjà votre année d’étude à l’étranger, tou(te)s les minet(te)s que vous allez pécho, les gens cools que vous rencontrerez, toutes les fois où vous vous bourrerez la gueule dans des putains de soirées (car vous avez le droit de vous bourrer la gueule à 18 ans, à 25 ans c’est plutôt considéré comme le premier pas vers l’alcoolisme).
Pendant vos études, les choses vont plutôt bien, alors oui vous choppez peut-être moins que prévu, vous n’avez pas eu votre première destination pour votre ERASUMS, vous vous rendez compte qu’en fait les fringues ne reviennent pas propres comme par magie chaque semaine et à quel point la bouffe était bonne chez vous.
Mais avoir les avantages d’un adulte (autonomie) sans les inconvénients (travailler) est plutôt agréable. De plus ce que vous faites est valorisé par la société, vous êtes jeunes, vous étudiez, c’est normal. (si en plus vous êtes dans un truc considéré comme « prestigieux », ce sentiment est exacerbé).
Bref votre vie est sur les bons rails.
A ce niveau la réalité est plutôt conforme à vos attentes et globalement ça va.
Mais mieux encore, la réalité n’a pas tant d’importance, car pour le moment vous étudiez, mais attendez que vous ayez terminé vos études, que le monde voit à quel point vous êtes brillant et spécial. Vous attendez votre moment pour exploser et votre vie suit cette direction dans votre tête :
Car oui, vous avez une incroyable ambition et êtes particulièrement confiant sur vos chances de vous réaliser. Cette ambition, cet optimisme est le fruit de la façon dont notre génération a été élevée.
Pourquoi notre génération est ultra ambitieuse
Parlons de nos parents.
Nos parents ont été élevés par nos grand-parents.
…
Parlons de nos grand-parents.
Nos grand-parents n’ont pas eu un début de vie très facile, alors qu’ils construisaient leur personnalité, leur vision du monde, ils ont vécu la pire guerre de l’histoire de l’humanité.
Le genre de truc qui marque quoi.
Quand ils ont élevé nos parents par la suite, ils leur ont enseigné une certaine vision du monde et de ce qu’on pouvait attendre de la vie.
Psychologiquement nos parents avaient donc des attentes plutôt modestes.
Mais nos parents ont plutôt bien réussi (parce qu’ils ont bossé dur et aussi trente glorieuses tout ça), et pour eux la réalité a globalement dépassé leurs attentes, ce qui a engendré un optimisme important.
Et puis ils nous ont élevés et ils nous ont transmis cet optimisme. Avec d’excellentes intentions, ils nous ont enseigné que l’on pouvait tout réussir dans la vie :
Et comme si ça ne suffisait pas, c’est toute la société qui a viré vers la recherche de l’accomplissement personnel, de la réalisation individuelle, un modèle qui s’est imprégné en nous via des publicités, des films ou des séries dans lesquelles des célibataires new-yorkais vivent dans des putains d’appart sans qu’on ne les voit jamais travailler.
Bref, le résultat, c’est que notre génération a un désir de s’accomplir, une confiance en elle et une ambition démesurée. Ce qui peut pousser à ce genre de pensées :
La réalité, le retour de la vengeance
Voilà comment la fin des études est vécue en vraie :
C’est brutal. Observez bien la douleur dans cette version gif.
Car maintenant, vous êtes face à votre réalité. Vous ne pouvez plus vous contenter de vous rassurer dans un futur fantasmé tranquillement assis sur les bancs d’un amphi. Non vous devez y aller, vous bouger, faire des choix et surtout, gagner un minimum de thune.
La société ne tolère plus que vous vous contentiez de profiter, vous avez bien étudié, vous avez eu votre temps, maintenant il est temps de faire des trucs d’adultes, contribuer à la société, payer vos impôts, faire un prêt à la société générale pour acheter une maison, fonder une famille et vous trouver un chien (bon ok, ça c’est tarpin cool).
Vous voilà obligé de construire votre réalité et vos attentes étaient tellement hautes que cette réalité vous décevra forcément. A vrai dire, vous voyez tout en noir :
Voilà bienvenue dans la réalité.
Ok normalement je devrais vous avoir foutu une déprime absolument monstrueuse, désolé pour ça. Mais ne vous en faites pas je vais pas vous laisser comme ça.
Quelques pistes pour s’en sortir
Etape 1. Accepter que la réalité n’est pas celle que l’on croit
Il y a une autre chose déprimante qui est entièrement spécifique à notre génération.
Alors que vous êtes en plein blues, vous décidez de vous détendre un petit peu en allant sur facebook, voilà ce que vous voyez :
Tout ça vous donne l’impression que tout le monde réussit parfaitement sa vie et accomplit toutes ces choses que vous ne pensez pas réussir.
Mais voici une vérité sur Facebook et la nature de ce que les gens partagent :
Je ne vous apprends rien en vous disant que partager ses doutes et ses problèmes existentiels n’est pas quelque chose de socialement accepté sur les réseaux sociaux. Car sur Facebook, chacun veut montrer la meilleure version de lui-même et rendre jaloux ses exs au passage.
La vérité, c’est que tout le monde galère, certains beaucoup plus que d’autres certes, mais ça vous ne le voyez pas. Alors ça vous le savez si vous avez un chouïa réfléchi à la question, mais c’est comme pour les publicités, vous savez que c’est pas la vérité, n’empêche que ça vous conditionne quand même insidieusement.
Bref, les autres sont aussi frustrés par leurs attentes excessives et ils pensent aussi probablement que vous êtes parfaitement épanoui. En vrai le succès et la vie rêvée n’arrive pas comme ça pour personne, cela demande des efforts.
Etape 2. Baisser ses attentes
Tout le monde ne peut pas être spécial, c’est logique, sinon spécial ne voudrait plus rien dire.
Cela revient donc à accepter que vous n’êtes pas spécial.
Oui et toi qui me lit et qui se dit « haha, il a raison de dire ça, tellement de gens se pensent spécial mais moi je le suis vraiment ».
Non tu ne l’es pas.
Ça fait mal à l’ego mais c’est comme ça, rassurez-vous en vous disant que vous êtes spécial pour certaines personnes, à vrai dire dès que vous croisez quelqu’un dans la rue ou n’importe où, vous pouvez vous dire que cet inconnu représente probablement le monde pour quelqu’un d’autre. Vous trouverez sûrement cette pensée réconfortante.
De plus très peu d’entre nous laissent une trace indélébile dans l’histoire, statistiquement vous pouvez partir du principe que vous n’en ferez pas partie.
Mais cela ne veut pas dire que vous ne ferez rien dans votre vie. Non restez largement ambitieux, il y a suffisamment de choses à améliorer sur cette terre pour que vous trouviez quelque chose d’épanouissant et d’utile mais il faut réaliser que cela demande du travail, énormément de temps et d’efforts, ça n’arrivera pas tout de suite et vous ne pourrez pas tout faire à la fois.
Voyons plutôt les choses comme ça :
Il est donc important d’avoir un plan en tête vers un idéal que l’on désire plus que tout, de la même façon qu’imaginer sa vie rêvée pendant vos études vous rendait heureux. Avoir la certitude que l’on passe chaque jour à travailler pour aller vers quelque chose de mieux et voir que l’on progresse doucement mais sûrement reste le meilleur moyen de passer la crise des 25 ans.
Voilà quelque chose qui a dû arriver à beaucoup de gamer de plus de 18 ans.
Et avec du recul, c’est une situation curieuse en 2016. Parce que le jeu vidéo est devenu un très gros truc. Alors je ne vais pas vous dire que l’industrie du jeu vidéo pèse plus que l’industrie du cinéma : c’est faux.
Par contre, ce qui est vrai c’est que le jeu vidéo fait aujourd’hui partie des industrie culturelles majeures qui sont proposées à l’être humain avec le livre, le cinéma et la musique.
Seulement il y a des phrases que vous n’entendez jamais :
Vous n’entendez jamais ces phrases parce qu’il serait absurde pour quelqu’un de rejeter en bloc les domaines aussi vastes et variés que sont le cinéma, le livre ou la musique.
Par contre, vous avez probablement entendu toutes ces phrases pour justifier l’absence de pratique du jeu vidéo et c’est là sa particularité : c’est le seul à être rejeté de facto par une grande partie de la population.
Alors dans cet article, on va essayer de voir pourquoi le jeu vidéo est rejeté en bloc, comme ça, par autant de gens parce que je ne pense pas que tout ceux qui condamnent le jeu vidéo sont des vieux cons ou des gens décérébrés. Je pense juste qu’ils n’ont pas compris la richesse et le potentiel du jeu vidéo. Car c’est un medium absolument unique qui peut apporter des choses extrêmement variées au joueur. Tous ceux qui ont versé une larme lors de la mort d’Aerith, qui ont parcouru sans limite les vastes plaines de Bordeciel ou qui ont cru trouver la paix intérieure en jouant à Life Is Strange vous le confirmeront.
Le jeu vidéo est bien plus que ce que vous pensez
Le premier problème du jeu vidéo, c’est son nom. Il ne vous viendrait pas à l’esprit de mettre dans la même catégorie le petit film de 5 minutes réalisé par des étudiants en cinéma que vous avez trouvé sur Vimeo et un blockbuster produit par Marvel, n’est-ce pas ? Pourtant le principe est le même : vous racontez quelque chose avec des images et des sons. Cependant le premier est un court-métrage, le second est un film, un blockbuster qui plus est. Vous êtes conscients qu’on ne peut pas les mettre dans le même panier.
Pourtant dans le monde videoludique, tout a le même nom, Candy Crush Saga est un jeu vidéo, GTA5 est un jeu vidéo, Final fantasy est un jeu vidéo. Vu de l’extérieur, tous les jeux vidéo se ressemblent mais c’est pourtant une insulte de mettre Candy Crush Saga (un jeu réalisé par le diable en personne pour faire de vous un junkie de l’alignage de putains de bonbons) sur le même plan que GTA5, un jeu sur lequel des centaines de personnes ont travaillé pendant des années pour vous offrir une expérience sans limite dans un monde gigantesque, ouvert , bourré de détails et de vie.
Et pourtant c’est ce qu’il se passe, cette absence de termes différents donne l’impression que le jeu vidéo est un tout homogène.
Mais après ce que ça veut aussi dire, c’est que si vous avez passé un temps non négligeable sur Angry Birds, Candy Crush ou 2048, cela suffit pour faire de vous un gamer/une gameuse. Bienvenue, maintenant que vous faites partie du club vous n’allez pas en rester là. Ce serait comme prendre des cours de cuisine et s’arrêter à la recette de l’œuf au plat.
Car le jeu vidéo peut prendre des formes extrêmement diverses. Il y en a pour tous les goûts et toutes les envies. De plus, vous n’êtes pas obligés de tout apprécier, de la même façon que vous n’êtes pas obligés d’aimer tous les genres musicaux pour aimer la musique.
Voici un petit exemple de la diversité des jeux
Commençons par ce qu’on appelle les jeux AAA (prononcer « triple A »). Ce sont des productions à très fort budget qui cherchent plutôt à procurer au joueur une très forte immersion en reprenant les codes des blockbusters hollywoodiens (des jeux comme Tomb Raider, Metal Gear Solid ou Uncharted ). Ce sont les jeux qui ont le droit à leur pub à la télé. Si vous aimez les gros films qui vous en mettent plein la vue, vous devriez y trouver votre bonheur.
D’autres jeux misent tout sur le multijoueur et ne sont là que pour que les joueurs s’affrontent encore et encore jusqu’à maîtriser parfaitement les mécanismes du jeu (des jeux comme LoL et autres moba, le multi de Call of Duty). Là on se rapproche vraiment de l’esprit du sport. C’est le genre de jeux auxquels vous jouez des heures et des heures tous les jours pour perfectionner votre skill. Si vous êtes un dingue de performance et de compétition cela devrait vous satisfaire.
D’autres jeux cherchent d’abord à raconter une histoire complexe dans laquelle le joueur va construire par ses choix le déroulement de l’histoire (les RPGs principalement, je pense à des jeux comme Mass Effect ou les Final Fantasy). C’est le genre de jeux dont on ne ressort pas vraiment le même, vous savez, un peu comme quand vous finissez une longue série TV et que vous avez l’impression qu’une partie de votre vie vient de s’éteindre et ne recommencera plus jamais (sauf que dans le jeu vidéo, vous pouvez recommencer et faire des choix différents, génial non ? ). Si vous aimez lire beaucoup de texte et entrer dans des mondes riches et complexes cela devrait vous plaire (oui toi là-bas qui a lu le tome 5 de Harry Potter en moins d’une semaine, c’est de toi dont je parle).
D’autres jeux vont s’éloigner du jeu proprement dit et mettre le paquet sur l’histoire et la mise en scène. Ce sont les jeux narratifs dans lesquels vos actions en tant que joueur se résument principalement à de l’exploration et des choix dans la façon d’interagir avec les autres et votre environnement (des jeux comme Beyond Two Souls, Life Is Strange ou Until Dawn). Si vous aimez les séries télé c’est assez similaire sauf que vous faites vos propres choix, imaginez avoir une chance de sauver Ned Stark à chaque fois que vous recommencez GoT. (oui désolé j’ai pas mis « Spoiler » mais il y a un moment, c’est dans la première saison ça devient de la culture générale à la fin, ça serait comme gueuler parce que quelqu’un vous dit que Dark Vador est le père de Luke (oups )).
D’autres jeux font le pari de l’oeuvre d’art, par des ambiances recherchées, un travail sur le visuel, la musique et les sons (là je pense à des jeux comme Journey, Okami, Limbo ou Transistor). Si vous avez un compte sur Behance (ou si vous savez ce qu’est Behance) ce genre de jeux devraient vous plaire.
D’autres jeux encore vont principalement se focaliser sur les mécaniques de jeux (beaucoup de jeux de Wii, Minecraft, Fez). Idéal pour réveiller l’enfant créatif et émerveillé qui sommeille en vous et qui a été brimé pendant toute son éducation à coup de « c’est comme ça qu’il faut faire ».
Mais jouer c’est pour les enfants non ?
Pour beaucoup c’est la notion même de jeu qui bloque. Le jeu serait quelque chose de puéril qui n’a plus sa place une fois passé un certain âge.
Eh bien écoutez plutôt ce qu’un certain Nietzsche disait : « La maturité de l’homme, c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant. » (Eh oui vous ne vous attendiez pas à lire du Nietzsche dans un article sur les jeux vidéo !)
Car si on prend un peu de recul, le jeu est quelque chose de fondamental dans le développement. L’homme est un animal social et jouer est un principe humain basique : jouer permet de créer un environnement factice, une simulation dans laquelle nous sommes confrontés à des règles spécifiques et où nous devons prendre des décisions. Le jeu se pratique souvent à plusieurs ce qui favorise le travail d’équipe et/ou la compétition.
Tout cela est vrai pour un jeu vidéo, un match de foot, une partie de Risk ou un trap-trap bisous.
Aujourd’hui le jeu est considéré pour beaucoup comme une activité réservée aux enfants que l’on oppose au « sérieux » des adultes mais il s’agit là d’une construction sociale et en aucun cas d’une loi « naturelle ». Le psychiatre américain Stuart Brown a consacré sa vie à étudier les effets du jeu sur le comportement humain, il a d’abord remarqué que l’absence de jeu dans la vie des meurtriers étaient une caractéristique récurrente de ces derniers. Ce fait l’a alors poussé à étudier la question et à découvrir que pour l’adulte, le jeu développait l’optimisme et avait des effets bénéfiques sur la santé, le bonheur, la créativité, la capacité à résoudre des problèmes ou à sociabiliser.
Le mec a même écrit un bouquin là-dessus si ça vous intéresse.
Et il n’est pas le seul. On ne compte plus le nombre d’études qui montrent les effets bénéfiques du jeu et du jeu vidéo sur le cerveau et la personnalité. La primatologue (première fois que j’utilise ce mot) Isabel Behncke a par exemple remarqué que nos plus proches cousins, les bonobos, utilisaient le jeu toute leur vie comme un moyen d’apprentissage et de socialisation.
Un fait qui ne fait pas trop avancer notre réflexion mais j’en parle parce que ça me permet de vous montrer cette magnifique photo :
Il serait donc pas mal d’arrêter d’être mortellement sérieux et de se laisser aller au jeu de temps en temps.
Et si vous n’avez personne pour jouer au monopoly ce n’est pas grave. Testez le jeu vidéo qui pousse juste le concept du jeu très très loin et apporte une complexité et des possibilités en terme d’expérience pour le joueur qui dépassent tout le reste.
Le jeu vidéo est un medium unique
Souvenez-vous des industries culturelles de tout à l’heure.
Le jeu vidéo est différent de toutes les autres. Dans le cinéma, la musique ou la littérature, le consommateur est passif face au créateur de l’oeuvre, il la reçoit, l’apprécie ou pas selon sa sensibilité et voilà. La transmission est en sens unique.
Mais le jeu vidéo est le seul qui permet au consommateur d’agir, il le sort de la passivité et l’oblige à faire des choix, à utiliser sa technique, son intuition et son intelligence pour avancer dans l’oeuvre. Si vous arrêtez de regarder un film, le film continuera, sans vous. Si vous posez votre manette, le jeu vidéo s’arrête car il a besoin de vous pour avancer.
C’est ce fait (digne de Captain Obvious ) qui fait du jeu vidéo une forme d’expression formidable tout à fait inédite. Le créateur du jeu ne vous donne pas un produit fini et standardisé, il crée un monde avec ses propres règles et vous donne les moyens d’y évoluer. Ainsi chaque partie sera unique et chaque joueur aura une expérience différente dont il sera en partie responsable, selon les choix qu’il a fait.
En terme d’expression artistique cela ouvre des possibilités qui vont au-delà de tout ce que les formes d’expressions proposaient jusqu’alors.
Petite précision pour les puristes et les curieux
Bon le coup du « chaque partie est unique » cela dépend bien sûr du jeu. Certains jeux sont très libres, ils offrent un monde aux joueurs et ceux-ci font ce qu’ils veulent dedans, dis comme ça on pense à GTA mais le meilleur exemple pour moi est Minecraft puisque certains joueurs poussent le jeu, très très très très loin. D’autres jeux sont plus « scriptés » c’est à dire que le joueur doit faire ce que les développeurs attendent de lui pour avancer, ces jeux (souvent des AAA) sont d’ailleurs largement critiqués par une partie des joueurs pour leur « déterminisme ».
Car le jeu vidéo est un art à part entière
De tout temps, depuis que l’Homme est Homme, l’Homme s’est toujours demandé si le jeu vidéo était un art.
Il est même bien plus que ça, quand on y pense il s’agit du meilleur exemple de création humaine où la science et l’art travaillent conjointement au service de l’oeuvre.
Il vous suffit de regarder l’éventail de compétences et de talents d’une équipe de développement d’un jeu vidéo. On retrouve entre autres, un compositeur de musique, des développeurs utilisant les maths et l’informatique pour créer des moteurs graphiques et physiques, des écrivains pour le script et les dialogues, des dessinateurs pour tous les croquis, des architectes virtuels (les level-designers), des sculpteurs virtuels (characters designer ), des acteurs pour le doublage et la motion capture etc…
Je n’essaie pas de vous convaincre que Candy Crush Saga est de l’art bien sûr. Tous les jeux vidéo ne sont pas de l’art de la même façon que la dernière bouse musicale de NRJ n’est pas de l’art. Mais beaucoup de non-joueurs ignorent complètement à quel point certains jeux peuvent nous toucher, nous transporter et nous émouvoir. Ce sentiment est décuplé par le fait que nous sommes pleinement les acteurs de notre expérience. C’est là que le jeu vidéo va à mon sens plus loin que le cinéma par exemple, nous nous identifions souvent aux personnages dans un film mais dans le jeu vidéo, nous sommes le personnage, c’est une expérience beaucoup plus profonde et immersive. Ce qui m’amène au point suivant.
Le jeu vidéo coupe de la réalité, mais c’est bien
On accuse souvent le jeu vidéo d’être chronophage et à juste titre, certains passent leurs journées dans des mondes virtuels mais vous êtes vous déjà demandé pourquoi ?
Fuir la réalité ? Probablement, elle est pas très belle la réalité en même temps, les gens ont toujours cherché à s’évader. Mais il se passe aussi une chose très spéciale lorsque l’on joue à un bon jeu : le temps devient tout à coup une notion plutôt abstraite.
Ça vous est déjà arrivé de faire une activité et d’être absolument à fond ? D’avoir cette sensation que plus rien n’existe ou ne se déroule en dehors de ce que vous faites ?
Bien sûr que cela vous est arrivé, du moins j’espère, comme cela vous arrive lorsque vous ne pouvez pas lâcher la lecture d’un roman passionnant, lorsque vous binge watchez une série sur netflix, lorsque vous jouez de la musique, lorsque vous pratiquez votre sport préféré ou même lorsque vous retrouvez enfin votre moitié pour une soirée ( ͡° ͜ʖ ͡°) .
En psychologie, on appelle ça le flow qui décrit « l’état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité, et se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. »
Cette sensation vous coupe totalement de la réalité, lorsque vous regardez un film vous oubliez que le film est une fiction, vous n’avez même plus conscience d’être en train de lire un livre tellement vous êtes dans l’histoire, vous oubliez la douleur, vos problèmes, le monde extérieur.
Cette sensation est extrêmement satisfaisante et le jeu vidéo par l’immersion et les challenges qu’il procure est un des meilleurs moyens d’atteindre cet état d’esprit. Vous couper temporairement du monde extérieur et vous concentrer totalement sur votre tâche n’est pas un acte négatif, c’est un excellent moyen de prendre du recul, de vous échapper et de vous ressourcer. (D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur le flow, allez lire l’article dédié sur le blog du hacking social).
Alors c’est bien sûr ce sentiment qui provoque l’addiction au jeu et le but ici n’est pas de nier que cela puisse être un problème. Mais ne cédons pas aux clichés des JT de France 2, la très grande majorité des joueurs ne souffrent pas de leur pratique du jeu, les cas d’addiction restent marginaux et si vous n’êtes pas sujets aux addictions en général, il n’y a pas de raisons pour que le jeu soit si différent.
Et enfin, sachez que l’on a rien vu en matière de jeux vidéo
Au mieux, nous en sommes à l’adolescence du jeu mais les évolutions technologiques et le développement de créateurs indépendants va mener le jeu vidéo au-delà de ce que l’on peut imaginer.
Les technologies qui arrivent, cloud gaming, réalité augmentée, réalité virtuelle, vont faire entrer le jeu vidéo dans une autre dimension et j’avoue ne même pas réussir à imaginer ce à quoi pourra ressembler le jeu vidéo en 2030. Ce qui est sûr, c’est qu’il aura une place encore plus incontournable dans notre société, au fur et à mesure de sa diversification, de son intégration dans la culture populaire et bien sûr du vieillissement de la population (eh oui, les gens qui jouaient à la première Nintendo lorsqu’ils avaient 10 ans ont plus de 40 ans aujourd’hui, croyez moi dans quelques décennies on va s’éclater en maison de retraite).
Alors ne restez pas fermés et intéressez vous aux jeux vidéo, vous avez forcément un ordinateur ou un smartphone sur lequel jouer. Surtout ne restez pas bloqués à des jeux bêtement addictifs comme Candy Crush Saga ou Angry birds, il y a tellement plus à découvrir. Si vous avez un smartphone ou une tablette, vous pouvez probablement commencer par Limbo ou Monument Valley ça sera déjà mieux. (d’ailleurs si des gamers ont des idées de bons jeux pas trop cons et accessibles sur smartphone n’hésitez pas à laisser ça dans les commentaires).
Ah et d’ailleurs les gamers qui lisent, c’est aussi à nous d’arrêter notre attitude sectaire bien trop en vogue et de faire découvrir avec bienveillance les jeux vidéo à notre entourage non-joueur.
Et quand je dis faire découvrir, ça ne veut pas dire vous regarder en train de jouer, ça veut dire leur passer la manette.